L’ayant d’abord pris pour un agresseur, une travailleuse sociale s’éprend d’un homme souffrant de démence précoce dont elle a la charge.

Travailleuse sociale, sobre depuis 13 ans, Sylvia (Jessica Chastain) élève seule sa fille Anna (Brooke Timber) dans son modeste appartement. Tandis qu’elle accompagne sa sœur Olivia (Merritt Wever) à une réunion d’anciens de leur école secondaire, Sylvia quitte la fête lorsqu’un homme, Saul (Peter Sarsgaard, prix du Meilleur acteur à la Mostra), la regarde avec insistance. Le lendemain matin, elle le retrouve frigorifié et embrouillé devant chez elle. Elle apprend d’Isaac (Josh Charles), frère de Saul, que ce dernier souffre de démence précoce.

Peu après, Sylvia affronte Saul qu’elle prend pour l’un des garçons qui abusaient d’elle à l’adolescence. Olivia affirme à Sylvia que Saul ne fréquentait pas leur école à cette époque. À la demande de Sara (Elsie Fisher), fille d’Isaac, Sylvia accepte de prendre en charge Saul durant le jour. Malgré la maladie, Sylvia entame une liaison avec Saul, mais le retour de Samantha (Jessica Harper), mère de Sylvia et Olivia, menace de tout gâcher.

Troisième long métrage en anglais du réalisateur mexicain Michel Franco (Chronic, Sundown), Memory met en scène des personnages plus vrais que nature, incarnés avec force nuance par des acteurs au sommet de leur art. Campé à Brooklyn, dont le directeur photo belge Yves Cape (La petite, de Guillaume Nicloux) saisit tout le pittoresque sans jamais céder à l’esthétique de carte postale, ce drame en demi-teintes bénéficie d’une facture réaliste qui force l’admiration.

Or, Franco a tant et si bien étoffé ses personnages et complexifié le récit principal qu’il en néglige ses trop nombreuses strates. Ainsi, il laisse en plan les soupçons de Sylvia à propos de Saul, comme s’il n’avait plus su quoi en faire en cours d’écriture. Les retrouvailles entre Sylvia et sa mère, organisées contre le gré de la première par Anna, donnent lieu à des révélations qui seront trop peu développées puis aussitôt évacuées.

Par ailleurs, l’évolution de la relation entre cette femme grugée par des souvenirs douloureux et cet homme s’enfonçant graduellement dans le brouillard avance à un rythme si léthargique que les réactions de leur entourage semblent disproportionnées. Avec sa finale peu plausible, Memory se révèle, malgré ses qualités indéniables, un morne et lourd mélodrame qui se perd à plusieurs reprises en cours de route.

En salle en version originale anglaise

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Memory

Drame

Memory

Michel Franco

Jessica Chastain, Peter Sarsgaard, Merritt Wever

1 h 40

6/10