Après la mort de son mari, Ethel se retrouve seule et un peu perdue dans son petit appartement. Pour meubler le temps, elle fait des promenades nocturnes, de plus en plus surréelles.

C’est une expérience quasi immersive au cœur de la démence que nous propose le réalisateur canadien Ryan McKenna (Le cœur de madame Sabali), sans que le mot soit jamais prononcé à l’écran. On en sort aussi un peu sonné. Assurément ébranlé.

Il y a bien peu de dialogues dans ce court film expérimental, lauréat du prix de la diffusion Québecor au Festival du Nouveau Cinéma (2022), mais quantité de sensations. Pensez : bruit de fond assourdissant, une image de plus en plus brouillée, par moments carrément dédoublée (détriplée ?), et des contrastes de lumière souvent aveuglants. Le spectateur ne saisit pas toujours ce qui se passe, et c’est voulu : Ethel (saisissante de réalisme Marie Brassard), elle non plus, ne comprend visiblement pas tout. Et de moins en moins.

IMAGE FOURNIE PAR LA PRODUCTION

Promenades nocturnes, un long métrage de Ryan McKenna, propose une expérience quasi immersive au cœur de la démence.

Le film commence sur des images de cette dame, donc, de dos, face à un ruisseau. Elle marche sur un chemin la nuit, croise trois personnages, sorte de chimistes en plein milieu d’un champ. Qui sont-ils ? Chose certaine, ces visions de plus en plus étranges vont se multiplier. Ici, un cambrioleur, là, des faisceaux lumineux, enfin, une ferme et quantité d’animaux.

Le film alterne entre ces déambulations aussi mystérieuses qu’improbables et diverses scènes de la vie quotidienne. Une jeune femme (tendre Sarianne Cormier), qu’on comprend être sa fille, vient s’occuper d’elle, lui porter ses courses, faire le tri de ses fruits pourris, puis petit à petit, l’aide à s’habiller. Non, le pantalon ne va pas sur les bras, maman, non, Henri n’est plus là…

Si le spectateur sait très bien que tout cela ne peut que mal finir, l’image et les sons, à l’instar de la confusion, gagnent aussi progressivement en intensité, à la limite du supportable. Le réalisateur n’abuse heureusement pas de l’exercice, et conclut fort pudiquement, quoique abruptement, certes, mais juste à temps.

Promenades nocturnes

Expérimental

Promenades nocturnes

Ryan McKenna

Avec Marie Brassard, Sarianne Cormier, Martin Dubreuil, Hamadou Savadogo

1 h 03
En salle

7,5/10

Consultez l’horaire du film