À Paris, en 1887, un maître d’armes enseigne l’art du duel à une journaliste féministe afin qu’ils puissent tous deux venger leur honneur.

Traumatisé par la cruelle défaite des Français face aux Prussiens dans la guerre de 1870, Clément Lacaze (Roschdy Zem, imposant), maître d’armes travaillant au cercle d’escrime dirigé par le journaliste Eugène Tavernier (Guillaume Gallienne, nuancé), tient en horreur la violence. À la suite d’un duel fatal, il devra se résoudre à affronter plus d’une fois le belliqueux colonel Louis Berchère (Vincent Perez, impétueux).

Entre-temps, Lacaze prendra pour élève Marie-Rose Astié de Malseyre (Doria Tillier, altière et fougueuse), journaliste féministe et fondatrice d’une ligue d’escrime féminine, qui souhaite affronter en duel Ferdinand Massat (Damien Bonnard, sanguin), rédacteur en chef du Petit Journal, après que ce dernier eut bafoué publiquement son honneur.

Qu’aurait été Une affaire d’honneur sans la présence conquérante de Doria Tillier dans le rôle d’une pionnière de l’émancipation féminine ? Négligée par l’Histoire, Marie-Rose Astié de Malseyre aurait certes mérité son propre drame biographique tant cette femme aux multiples talents a consacré sa vie à brasser la cage du patriarcat.

En voulant faire revivre à l’écran l’âge d’or des duels, époque où les politiciens n’hésitaient pas à affronter les journalistes fleuret à la main, Vincent Perez (Peau d’ange, Seul dans Berlin) et Karine Silla (Un baiser papillon, Des Amandiers aux Amandiers), coscénariste, ont eu la bonne idée de rappeler le combat des femmes. Et c’est certainement l’aspect le plus intéressant de ce récit de vengeance et de virilité se déroulant dans une atmosphère tourmentée, où les plus ardents gardiens de la tradition voient d’un mauvais œil le moindre signe de progrès.

Il est toutefois regrettable que les scénaristes aient tenu à créer une romance entre la militante pour le port du pantalon par les femmes et Lacaze, personnage monolithique créé de toutes pièces. Pourquoi faut-il absolument prendre cette voie dès qu’apparaît un bout de jupon ? Déjà que le premier duel d’Une affaire d’honneur a pour objet le cœur d’une insignifiante cocotte que se disputent un jeune naïf et un vieux beau...

Outre le plaisir de revoir la vedette de Fanfan La Tulipe (2003), de Philippe de Broca, manier les armes avec toujours autant de grâce et d’aplomb, force est d’admettre que Vincent Perez, qui s’est plu à créer des parallèles avec notre époque, a bien fait ses devoirs. Élégante et vivante, sa mise en scène met à l’honneur le talent des acteurs. Bénéficiant d’haletants duels savamment chorégraphiés par Michel Carliez (Cyrano de Bergerac, de Jean-Paul Rappeneau), de la lumière crépusculaire de Lucie Baudinaud et d’une direction artistique sobre et de bon goût, Une affaire d’honneur s’avère un honorable hommage à la noblesse des gens de cœur et de parole.

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Une affaire d’honneur

Drame

Une affaire d’honneur

Vincent Perez

Roschdy Zem, Doria Tillier, Guillaume Gallienne, Damien Bonnard

1 h 40

6/10