Battue, violée et laissée pour morte en plein désert, une jeune Peule trouve refuge tout près du camp des terroristes islamistes qui ont attaqué sa famille.

Afin d’étoffer son scénario, qu’elle trouvait naïf, Apolline Traoré (Moi Zaphira) a rencontré des femmes dans des camps de déplacés à Dori, au Burkina Faso. Le témoignage de l’une d’entre elles, une mère blessée par balle à l’épaule qui a dû marcher dans le désert avec ses deux enfants après l’attaque de son village, l’a particulièrement bouleversée.

C’est ainsi qu’est née l’histoire de Sira (l’éblouissante nouvelle venue Nafissatou Cissé), jeune fille peule musulmane à la peau foncée, promise à Jean-Sidi (Abdramane Barry), lui aussi peul, mais chrétien au teint clair. Or, Moustapha (Mike Danon), meilleur ami du père de Sira et ardent défenseur de la charia, voit d’un mauvais œil cette union. Alors qu’elles fuient leur village pour se rendre dans celui de Jean-Sidi, Sira et sa famille sont attaquées par des djihadistes.

Battue, violée et laissée pour morte par Yéré (Lazare Minoungou), chef des terroristes, Sira trouve bientôt refuge dans une grotte tout près du camp islamiste. Elle découvre ainsi que Moustapha est de connivence avec Yéré. Arrivent plus tard sur les lieux Karim (Ildevert Meda), militaire d’expérience, et un groupe de jeunes filles issues de divers pays du Sahel, qui serviront d’esclaves sexuelles aux djihadistes, dont Kemi (Ruth Werner) avec qui Sira se liera d’amitié. Au fil des mois, Sira préparera sa vengeance.

Prix du public Panorama au Festival international du film de Berlin l’an dernier, Sira, une héroïne africaine s’avère un film d’une beauté magistrale dont le lyrisme évoque le cinéma de Terrence Malick (Les moissons du ciel, Le nouveau monde). Grâce à la lumière de Nicolas Berteyac, qui met richement en valeur la couleur du sable et du ciel, la majesté du désert aura rarement été illustrée de si saisissante manière au grand écran.

Au-delà de son vibrant hommage à la résilience des Africaines, Apolline Traoré témoigne avec la même vigueur de la stigmatisation dont sont victimes les Peuls en raison du haut taux de terrorisme parmi ce peuple d’Afrique de l’Ouest. À travers le personnage de Moustapha, elle dénonce avec audace et courage l’hypocrisie des fous d’Allah.

Adaptant judicieusement les codes du western à la réalité ouest-africaine, la cinéaste burkinabée signe un drame prenant dont les enjeux peuvent cependant paraître flous ou abstraits aux spectateurs occidentaux. Par moments, ceux-ci se demanderont à quoi peut bien servir le fiancé de l’héroïne. De fait, chaque geste qu’il fait ne fait guère avancer le récit. À l’exception du dernier, lequel résume magnifiquement toute la foi en l’humanité qui porte Sira, une héroïne africaine.

Apolline Traoré sera au cinéma Beaubien pour la représentation du vendredi 2 février à 18 h 30.

En salle

Sira, une héroïne africaine

Drame

Sira, une héroïne africaine

Apolline Traoré

Nafissatou Cissé, Mike Danon, Lazare Minoungou

2h02

8/10