Doris, 17 ans, et sa mère sont proches aidantes de l’aîné de la famille depuis des années. Alors que son frère entre dans un hospice pour y passer ses derniers jours, l’adolescente se permet de vivre ses premières expériences, tandis que sa mère peine à accepter un deuil inévitable.

L’adolescence n’est pas facile. Encore moins lorsqu’elle est en grande partie consacrée aux soins d’un membre de sa famille.

C’est la réalité de Doris (épatante Nico Parker) qui, avec sa mère Kristine (très juste Laura Linney), veille sur son frère Max, atteint d’un cancer du cerveau qui l’a paralysé et rendu aveugle. L’histoire « semi-autobiographique » de la scénariste et réalisatrice Laura Chinn est racontée avec éloquence et délicatesse, mais ne parvient pas à trouver l’équilibre entre les différents thèmes abordés.

La relation mère-fille relatée dans Suncoast est ce qui distingue la première réalisation de l’Américaine, vue dans diverses séries comme Childrens Hospital et Grandfathered, et qui a écrit quelques épisodes. Bien que Doris s’occupe de son frère de façon exemplaire, sa mère lui en demande toujours plus et ne semble pas reconnaissante. On a tendance à se ranger derrière la jeune femme, mais plus le récit progresse, plus on ressent la tristesse et l’épuisement de la mère, et plus on compatit.

Dès que Max est admis dans un centre de soins palliatifs, Doris se sent libérée d’un poids, alors que Kristine tente un rapprochement ultime avec son fils qui ne parle plus depuis des années. Lorsqu’elle décide de passer les nuits dans un lit de camp à ses côtés, Doris en profite pour inviter ses camarades de classe, qui n’ont aucune idée de qui elle est, à faire la fête chez elle. On peine à croire qu’elle soit invisible à ce point des autres élèves, mais les amitiés qu’elle développe sont crédibles et exemptes de l’excès de drame qu’on retrouve souvent dans des films d’ado.

L’autre amitié qui se forge dans Suncoast est davantage curieuse. Il se trouve que l’hospice où est Max est le même où l’on retrouve Terri Schiavo. Dans un état végétatif à la suite d’un arrêt cardiaque en 1990, cette femme a été au cœur d’un débat national relativement à l’acharnement médical de 1998 à 2005. Les évènements du film se déroulent à la fin de ce feuilleton, alors que de nombreux manifestants encerclent le centre de soins jour et nuit. Parmi eux, Paul (Woody Harrelson, fidèle à lui-même). Veuf, il rappelle à Doris que toutes les vies sont précieuses après lui avoir acheté un lait frappé. Son discours est moralisateur, mais on croit à cet homme qui s’est donné pour mission de répandre le bien. Certaines des scènes avec les deux sont toutefois légèrement plaquées.

En dépit de la lourdeur de certains éléments, Suncoast est un film lumineux, élevé par les brillantes performances de Nico Parker – fille de l’actrice Thandiwe Newton et du cinéaste Ol Parker – et de Laura Linney. À l’image de la mère, le scénario veut trop en faire, mais, comme elle, il parvient à nous charmer par sa sincérité.

Sur Disney+

Suncoast

Comédie dramatique

Suncoast

Laura Chinn

Nico Parker, Laura Linney, Woody Harrelson

1 h 49
Sur Disney+

7/10