Actrice, militante, mère d’une petite fille née d’une mère porteuse et belle-mère de deux garçons et d’une fille trans, Gabrielle Union milite pour une société plus inclusive. La comédienne a été interpelée par le scénario de la plus récente version de Cheaper by the Dozen, de Disney, qui dépeint pour une rare fois une réalité qui ressemble à la sienne. Entrevue avec une femme qui veut abattre les barrières.

Consciente de la portée de sa voix, Gabrielle Union (Bring It On, Being Mary Jane et LA’s Finest) défend plusieurs causes qui lui tiennent à cœur. Multipliant les rôles depuis une vingtaine d’années dans des films et des séries télévisées, elle met à profit sa célébrité pour (entre autres) réduire les inégalités, aider les victimes de viol, prévenir le cancer du sein et combattre le sexisme et le racisme.

La sortie du film Cheaper by the Dozen (Moins cher la douzaine en version française), qui la met en scène avec Zach Braff à la tête d’une famille recomposée et interraciale de 10 enfants, lui donne l’occasion de s’exprimer sur l’importance d’élargir ce qui est perçu comme étant « normal ».

« Je crois que chaque famille compte, a-t-elle indiqué lors d’une entrevue par vidéoconférence accordée à La Presse. Quand on fait référence à la famille dite traditionnelle, c’est une façon d’exclure des gens. Je veux essayer de trouver plus de façons d’inclure plus de personnes. C’est ce que fait ce film. La famille Baker est mélangée racialement, culturellement et par ses diverses activités. Il y a des ex-conjoints dans le portrait, avec qui les parents doivent composer, en plus d’être des coparents. Il y a en plus des animaux et un cousin qui vient habiter avec la famille. »

Cela semble compliqué ? Ceux qui ont lu ses deux livres (We’re Going to Need More Wine : Stories That Are Funny, Complicated and True et You Got Anything Stronger), qui la suivent sur les réseaux sociaux et qui lisent les nombreux reportages sur elle et son célèbre mari Dwyane Wade, joueur de basketball à la retraite qui élève une fille trans, un fils et un neveu, savent que sa vie privée est tout aussi complexe, à sa façon.

Diversité et inclusion

Lorsqu’elle a été pressentie pour le film Cheaper by the Dozen, Gabrielle Union connaissait bien la prémisse du long métrage, inspiré du roman écrit par Frank Bunker Gilbreth Jr et sa sœur Ernestine Gilbreth Carey, publié en 1948, dans lequel ils racontent leur enfance au sein d’une famille de 12 enfants au New Jersey.

PHOTO FOURNIE PAR DISNEY

Gabrielle Union dans une scène du film Cheaper by the Dozen, avec deux des fils de la famille Baker

L’actrice connaissait peu la version cinématographique mettant en vedette Steve Martin et Bonnie Hunt, lancée en 2003. Mais elle connaissait par cœur le film original, qui date de 1950. « Ma sœur aînée était obsédée par ce film, on le regardait chaque fois qu’il jouait, se souvient-elle. Avec notre version, nous imaginons de nouveau non pas un, mais deux classiques, avec beaucoup plus de diversité et d’inclusion, et des personnes de couleur dans de réelles positions de pouvoir tout au long du processus. »

Les deux scénaristes, Kenya Barris et Jenifer Rice-Genzuk Henry, lui ont présenté le scénario avant même que le projet soit officiellement accepté. « J’avais publié peu avant le livre pour enfants Welcome to the Party, qui célèbre les différentes sortes de familles, souligne l’auteure et militante. Nous avons eu notre fille grâce à une mère porteuse et beaucoup de gens ne savaient pas comment célébrer notre version d’une famille. Vous savez, ma mère a adopté à 60 ans le premier de trois enfants. Elle a maintenant 75 ans et elle élève des enfants qui sont en sixième année, en huitième année et en neuvième année. Quand elle arrive à l’école, les gens ne savent pas quoi faire avec cette sorte de famille. »

Quand j’ai eu le scénario, j’ai tout de suite compris. C’est exactement ce que ma famille et moi vivons chaque jour.

Gabrielle Union

Ayant fondé la maison de production I’ll Have Another, en 2018, pour diversifier les points de vue des histoires racontées à l’écran, elle est tout naturellement devenue productrice déléguée de Cheaper by the Dozen, réalisé par Gail Lerner. Un rôle qu’elle assume avec trois autres grands noms de l’industrie, dont Shawn Levy, qui a notamment réalisé le film de 2003.

Gabrielle Union souhaite voir plus de films avec des personnages aux facettes multiples. « Trop souvent, depuis trop d’années, des scénarios et des personnages ont été atténués pour avoir un plus grand attrait. Il faut cesser d’édulcorer la culture, la langue et la façon dont d’autres se présentent afin d’ouvrir plus de portes. Vous savez, je regarde The Marvelous Mrs. Maisel. Cela se passe à une époque différente, dans une culture différente de la mienne et une religion différente. Je suis noire, catholique d’Omaha, au Nebraska. C’est une de mes séries préférées parce que c’est spécifique à son expérience. »

C’est en s’appuyant sur ce qui rend chacun de nous spécial qu’on pourra trouver des façons de s’entendre, croit-elle, en prenant pour exemple les nombreux membres de la famille Baker. C’est ainsi, dit-elle, qu’ils parviennent à bien fonctionner ensemble.

Présenté sur Disney+à compter du 18 mars