En vedette dans Viking, nouveau film de Stéphane Lafleur, Steve Laplante est l’un des acteurs les plus sollicités du moment. Rencontre avec un comédien polyvalent, dont le parcours ne pourrait être plus effervescent cette année.

En moins de quatre mois, on a pu le voir au cinéma dans Babysitter (Monia Chokri), Les tricheurs (Louis Godbout) et, dès ce vendredi, Viking (Stéphane Lafleur). À la télé, son talent est actuellement mis en valeur dans les séries Après (qui lui a valu une citation au plus récent gala des Gémeaux), C’est comme ça que je t’aime 2 et Chouchou. Steve Laplante fait partie de ces acteurs polyvalents, arpentant tous les registres, sur qui les auteurs peuvent tout projeter en sachant qu’ils atteindront toujours la note juste.

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« Oui, il y a comme une espèce de grosse vague, que je ressens, mais tous ces projets sont pourtant venus de voies différentes et ils ne sont pas interreliés, explique le comédien au cours d’un entretien accordé à La Presse. Cette synchronicité vient aussi du fait d’avoir beaucoup tourné pendant la pandémie. C’est comme une enfilade de belles coïncidences. Par exemple, Stéphane Lafleur est arrivé complètement dans mon angle mort avec Viking, un film que je n’ai jamais venu venir. Ça donne une espèce d’année un peu bubbly ! »

Une proposition inattendue

Dans le nouveau film du réalisateur de Tu dors Nicole, Steve Laplante revêt le costume d’un astronaute qui, bien campé dans un endroit désertique américain, sert de doublure terrestre à un astronaute véritablement envoyé sur Mars. Pour Stéphane Lafleur, le choix d’attribuer le rôle à l’acteur est venu très rapidement à l’étape de l’écriture, ce qui n’est pas toujours le cas dans le processus créatif du cinéaste.

« Steve et moi ne nous connaissions pas, mais je le vois depuis 25 ans au théâtre », indique celui dont le nouveau long métrage a obtenu une mention spéciale au festival de Toronto. « Il porte en lui une humanité faisant en sorte qu’on ressent immédiatement de l’empathie. Mais j’ai attendu que tous les fils soient vraiment attachés avant de lui faire parvenir le scénario. »

Cette proposition a d’ailleurs pris le comédien complètement au dépourvu.

« C’est vraiment arrivé du champ gauche », rappelle Steve Laplante.

J’ai ouvert mon ordi en décembre 2020, il y avait un courriel de Stéphane, un cinéaste dont j’admire les films. Pourquoi moi ? Je n’en sais rien. Je n’ai pratiquement pas fait de cinéma. Je ne comprenais pas et je ne comprends d’ailleurs toujours pas aujourd’hui. Et c’est bien correct. Stéphane m’a offert le rôle sans même me faire passer d’audition !

Steve Laplante

PHOTO DAVID STEVENS, FOURNIE PAR LES FILMS OPALE

Hamza Haq et Steve Laplante dans Viking, film de Stéphane Lafleur

D’abord, le théâtre

Il est vrai que jusqu’à plus récemment, le parcours de Steve Laplante s’est essentiellement réalisé au théâtre et à la télévision. Sorti de l’École nationale de théâtre du Canada en 1996, il affirme devoir sa vocation à sa fascination pour les matchs de la Ligue nationale d’improvisation (LNI), qu’il regardait assidûment dans sa jeunesse à Télé-Québec.

« Je regardais ça en boucle, confie-t-il. J’ai même appris certaines parties par cœur. Je ne sais pas pourquoi, mais il y avait dans ce jeu quelque chose qui me fascinait. Ça m’a amené à lire des pièces de théâtre dans mon adolescence, notamment du Michel Tremblay. Le vrai monde m’a donné tout un choc. J’avais l’impression d’être dans le livre. Après le cégep, je ne savais pas trop où m’inscrire à l’université et un ami m’a parlé des auditions des écoles de théâtre. J’ai décidé d’essayer et ça a mordu ! »

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Steve Laplante

Ne provenant pas du tout d’une famille d’artistes, le jeune acteur, doté d’un talent brut, a dû se construire une confiance au cours de ses années d’études.

« Je me suis retrouvé avec plusieurs profs que j’avais vus jouer à la LNI et qui, là, m’enseignaient. J’avais l’impression d’un gros décalage. Je me suis demandé si j’étais à la bonne place et j’ai souvent pensé qu’ils allaient me mettre dehors. André Brassard, qui dirigeait l’École nationale à cette époque, a beaucoup soufflé dans la voile et m’a donné confiance. Il voyait bien que j’étais un peu dans les vapes parfois. »

Malgré cet inévitable syndrome de l’imposteur, Steve Laplante s’est retrouvé très vite sur les planches. Il fut en outre l’un des interprètes de quelques pièces de Wajdi Mouawad, décrochant notamment un premier rôle dans Littoral.

Mon intérêt pour ce métier est venu essentiellement du théâtre. Pendant longtemps, j’ai d’ailleurs pensé que je ne ferais que cela. Après, la télé est arrivée, ensuite le cinéma — surtout depuis deux ans —, mais ma première famille a été celle du théâtre.

Steve Laplante

Une reconnaissance populaire

Sa présence dans des séries à succès et dans des films renommés lui donne cette année une visibilité accrue, avec laquelle vient une nouvelle reconnaissance populaire. Cette notoriété survient alors que l’acteur vient à peine de franchir sa cinquième décennie d’existence.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Steve Laplante lors du lancement de la programmation de Noovo

« Honnêtement, je ne sais pas trop comment je vis avec ça. Depuis cet été, je sens certainement une différence. Ça fait bizarre de découvrir ça, à mon âge. En même temps, je suis très conscient que tout ça est bien éphémère et je regarde ça avec une certaine distance. Ce métier est fait de montagnes russes et je me demande simplement combien de temps ça va durer. Je me méfie naturellement des trop grosses montées et il y en a une en ce moment. C’est sûr qu’à l’âge que j’ai, je me dis que c’est peut-être une bonne affaire que ça arrive aujourd’hui et pas plus tôt. »

Fier d’avoir fait partie de l’aventure du nouveau film de Stéphane Lafleur (« Il y a des projets plus marquants que d’autres et Viking fait certainement partie de ceux-là », dit-il), Steve Laplante ne veut surtout pas se reposer sur ses lauriers.

« Les rares fois où j’ai mis les deux pieds sur le pouf et que je me suis senti plus à l’aise, ça s’est mis à moins bien aller. Là, je vis un beau moment, enivrant. J’ai eu la chance de bien paraître parce qu’on m’a offert des rôles dans des shows de qualité.

« C’est important, poursuit-il, parce que quand ce n’est pas le cas, c’est très dur d’être bon à sept heures et quart le matin dans un studio avec des textes écrits trop vite, où on te donne 20 minutes pour jouer une scène hyper dramatique dans laquelle tu apprends que tes enfants viennent de mourir et où l’éclairage vient de brûler. Il y a de grandes interprétations qui se perdent à ces endroits-là. Alors que sur des productions comme C’est comme ça que je t’aime ou Viking, tu as juste à te placer sur ta marque et ne pas trop en faire. Tu sais que la lumière et les cadrages seront beaux. Après les gens viennent dire que tu es bon, mais, en fait, ça relève de la chance. Et je m’aperçois que j’en ai beaucoup ! »

Viking est actuellement à l’affiche.

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