Le Festival du film de Berlin a investi vendredi soir une prison le temps d'un film sur la rébellion silencieuse d'élèves d'ex-Allemagne de l'Est, apportant aux détenus un parfum de «retour à la normalité».

La projection, suivie d'un débat avec le réalisateur Lars Kraume, a eu lieu dans la prison de Tegel, au nord de Berlin, où une trentaine de prisonniers ont pu voir le film allemand Das schweigende Klassenzimmer (La classe silencieuse).

L'histoire, peu connue et tirée de faits réels, de élèves qui s'attirent les foudres du régime de la RDA communiste après avoir observé en cours une minute de silence en soutien au soulèvement de Budapest écrasé par la Russie soviétique en 1956.

«C'était un bon changement», explique Benjamin, un détenu de 40 ans, après la projection dans la salle de la prison dévolue aux activités culturelles.

Ce soir, c'était un peu comme un «retour à la normalité du quotidien», poursuit-il, se disant «ému» par cette histoire de «rébellion».

Le film montre les moyens de pression mis en oeuvre par les fonctionnaires de la RDA pour découvrir qui est à l'origine de cette minute de silence. Des passages que Benjamin a «apprécié» : «c'est intéressant de voir comment on peut influencer les gens, on peut faire un parallèle avec (...) aujourd'hui».

«C'était parfait: la tension (de l'histoire) comme l'esprit de loyauté» qui animait les élèves, s'enthousiasme Jörg, 42 ans.

Mais tout le monde n'a pas pu assister à la projection, regrette-t-il : «nous avons dû remplir un formulaire» pour demander à voir le film et «c'est la direction qui a décidé qui pouvait et qui ne pouvait pas» y assister, explique-t-il.

Le quadragénaire déplore le «peu de manifestations ou de projections» organisées au sein de l'établissement.

«Moi, je connais la RDA par coeur», se vante Hamsa. «Dans les années 70, je l'ai traversée de long en large. Ce n'était pas aussi dur qu'on le montre dans le film», tempère ce Polonais de 64 ans, qui regrette que la «solidarité» dont font preuve les élèves «n'existe plus».

Un film de la Berlinale avait déjà été projeté en 2014 dans la prison de Tegel, établissement qui peut accueillir jusqu'à 933 détenus, condamnés à des peines de moyennes à longues durées, parmi lesquelles la réclusion à perpétuité.