Qualité et rareté. Tels sont les deux éléments qui font du Festival de Cannes le plus grand festival de cinéma du monde. Le prestige d'une sélection cannoise découle en effet du caractère très sélectif de la manifestation. En incluant les sections parallèles du festival (la Quinzaine des réalisateurs et la Semaine de la critique), à peine 81 longs métrages auront l'honneur d'une présentation sur la Croisette.
La compétition officielle
Il s'agit là de la plus prestigieuse section du Festival de Cannes. L'enjeu? La Palme d'or, un trophée aussi emblématique que mythique, symbole suprême de l'excellence dans le monde du cinéma international. Jusqu'à la tenue de la conférence de presse annonçant la liste des heureux élus, les médias du monde entier y vont de leurs prédictions - Ira? Ira pas? - et de leurs souhaits. Cette année, 17 des 21 cinéastes invités au grand bal ont déjà concouru pour la Palme auparavant. Le délégué général Thierry Frémaux, qui n'aime pas la notion «d'habitués» ou «d'abonnés» à laquelle la presse fait souvent écho, explique que, comme aux Jeux olympiques, on n'invite à Cannes que les meilleurs. «Y aurait-il une île déserte sur laquelle des génies méconnus font les plus beaux films du monde qu'ils ne montrent pas, ni à Cannes ni aux Oscars?», a-t-il demandé dans une interview publiée hier par Le Figaro.
Les Québécois qui y ont pris part:
Gilles Carle (La vraie nature de Bernadette, 1972; La mort d'un bûcheron, 1973; Fantastica, 1980)
Michel Brault (Les ordres, 1975, prix de la mise en scène)
Monique Mercure (J.A. Martin photographe, 1977, prix d'interprétation féminine)
Denys Arcand (Jésus de Montréal, 1989, prix du jury; Les invasions barbares, 2003, meilleur scénario)
Marie-Josée Croze (Les invasions barbares, 2003, prix d'interprétation féminine)
Xavier Dolan (Mommy, 2014, prix du jury)
Pierre Perrault et Michel Brault (Pour la suite du monde, 1963)
Jean-Pierre Lefevbre (Le vieux pays où Rimbaud est mort, 1977)
Jean-Claude Lauzon (Léolo, 1992)
André Brassard (Il était une fois dans l'Est, 1974)
Un certain regard (Sélection officielle)
Créé en 1978 afin de mettre en valeur un cinéma original et audacieux en marge de la compétition, Un certain regard offre une vitrine prestigieuse à de nouvelles signatures. On dit souvent de cette section, dont le programme est aussi établi par le délégué général Thierry Frémaux et son équipe, qu'elle est «l'antichambre» de la compétition. Un jury, composé de cinq personnes, est appelé à voir les 18 longs métrages inscrits au programme et à décerner des prix distinctifs. Il est présidé par l'actrice Marthe Keller. Mis à part Hirokazu Kore-Eda, qui a déjà concouru pour la Palme d'or quatre fois, très peu de noms déjà connus des cinéphiles se retrouvent dans la sélection cette année.
Les Québécois qui y ont pris part:
Anne Claire Poirier (Mourir à tue-tête, 1979)
Pierre Perrault (La bête lumineuse, 1983)
Jean-Pierre Lefebvre (Le jour S, 1984)
Jean Beaudin (Being at Home with Claude, 1992)
Denis Villeneuve (Un 32 août sur Terre, 1998)
Xavier Dolan (Les amours imaginaires, 2010; Laurence Anyways, 2012).
Chloé Robichaud (Sarah préfère la course, 2013)
Hors compétition (Sélection officielle)
Les films hollywoodiens ne s'inscrivent habituellement pas très bien dans le cadre d'une compétition festivalière, mais qu'à cela ne tienne, certains d'entre eux, très attendus, viennent sur la Croisette pour lancer leur carrière avec panache. Le délégué général Thierry Frémaux expliquait d'ailleurs récemment que Steven Spielberg lui a fait part il y a plusieurs mois de son intention de présenter The BFG à Cannes. Bien entendu, on déroulera le tapis rouge à celui qui, il y a 34 ans, avait créé l'événement sur la Croisette avec son «petit» film E.T. the Extra-Terrestrial, aussi présenté hors compétition.
Les Québécois qui y ont pris part:
Jean-Pierre Lefebvre (L'amour blessé, 1976)
Robin Spry (One Man, 1977)
Lewis Furey (Night Magic, 1985)
Denys Arcand (Stardom, 2000; L'âge des ténèbres, 2007)
La Quinzaine des réalisateurs
Né d'un mouvement contestataire après les célèbres bouleversements sociaux de mai 68, qui avait fait en sorte que le Festival de Cannes s'est arrêté alors qu'il était en marche depuis quelques jours, la Quinzaine des réalisateurs est une manifestation cinématographique indépendante, tenue parallèlement au festival officiel. On aura à l'oeil dans cette section des titres pressentis pour la compétition officielle (et finalement non retenus), de même que des oeuvres réalisées par des cinéastes chevronnés.
Des Québécois qui y ont pris part:
Anne Claire Poirier
Jean-Pierre Lefebvre
Gilles Carle
Michel Brault
Jacques Godbout
Denys Arcand
Xavier Dolan
Denis Côté
Denis Villeneuve
Stéphane Lafleur
La Semaine de la critique
L'autre section parallèle du Festival de Cannes est sans doute la plus modeste, mais son rôle n'en reste pas moins essentiel. Créée en 1962 par l'Association française de la critique de cinéma, la Semaine de la critique - dont il s'agit de la 55e présentation cette année - ne propose que des premiers ou deuxièmes films. Seulement sept longs métrages sont inscrits dans sa compétition. D'Alejandro González Iñárritu à Jeff Nichols, en passant par Chris Marker, Bernardo Bertolucci, Leos Carax et tant d'autres, on ne compte plus les cinéastes de renom dont le talent fut d'abord révélé à la Semaine de la critique.
Des Québécois qui y ont pris part:
Denys Arcand
Denis Héroux
Stéphane Venne
Gilles Groulx
Pierre Perrault
Michel Brault
Anne Claire Poirier
André Forcier
Bernard Émond
Carole Laure
Hugo Latulippe
François Prévost
Sébastien Pilote