Pedro Almodóvar, chef de file du cinéma espagnol contemporain, présidera le jury du Festival de Cannes, qui sera lancé le 17 mai prochain et célèbrera sa 70édition.

«Je suis reconnaissant et honoré et j'ai le trac, a déclaré le cinéaste. Être président du jury est une lourde responsabilité et j'espère être à la hauteur des circonstances. Je peux vous dire que je vais me dévouer corps et âme à cette tâche, qui est à la fois un plaisir et un privilège.»

Il est à noter que le célèbre réalisateur a toujours entretenu une relation un peu tendue avec le plus grand festival de cinéma du monde. Sélectionné cinq fois, il fut récompensé seulement d'un prix de la mise en scène (Tout sur ma mère, 1999) et d'un prix du scénario en 2006 grâce à Volver (auquel fut aussi attribué un prix collectif d'interprétation féminine).

Julieta, son plus récent film (présentement à l'affiche au Québec), était en compétition officielle l'an dernier mais fut écarté du palmarès établi par un jury alors présidé par George Miller. 

Pedro Almodóvar a d'ailleurs déjà été membre du jury du Festival de Cannes, en 1992, sous la présidence de Gérard Depardieu. La Palme d'or avait été remportée cette année-là par Les Meilleures intentions du réalisateur danois Bille August.

Le 70e Festival de Cannes se déroulera du mercredi 17 mai au dimanche 28 mai. Les films retenus dans la sélection officielle et la composition du jury seront annoncés à la mi-avril.

«Longue fidélité» 

Grand cinéphile, amateur des films d'Alfred Hitchcock et Luis Buñuel, cet auteur de vingt longs métrages, à l'esthétique colorée et facilement reconnaissable, enchaîne les films depuis le début des années 80.

Depuis son premier long métrage, Pepi, Lucie, Bom et les autres filles du quartier, sorti en 1980, Pedro Almodóvar, connu notamment pour ses portraits de femmes, a créé une oeuvre iconoclaste et surprenante, souvent provocatrice, traversée par les thématiques de l'identité sexuelle, du rapport mère-enfant, de la culpabilité ou du secret.

Pour la composer, il s'est entouré d'actrices devenues ses égéries, parmi lesquelles Penélope Cruz, Marisa Paredes, Rossy de Palma, Victoria Abril et Carmen Maura, et d'acteurs fidèles, dont Javier Bardem et Antonio Banderas.

Figure de proue de la Movida espagnole, mouvement créatif exubérant né au début des années 80 après la dictature de Franco, Pedro Almodóvar a accédé au succès international avec Femmes au bord de la crise de nerfs (1988).

Viendront ensuite Talons aiguilles, puis Tout sur ma mère et Parle avec elle, deux de ses oeuvres les plus récompensées.

L'an dernier il avait ajouté un nouveau portrait de femme, celui d'une mère en souffrance, à son oeuvre, avec Julieta, l'histoire d'une femme hantée par la disparition de sa fille unique, qui ne veut plus avoir de contacts avec elle.

«Pour sa 70e édition, le Festival de Cannes est heureux d'accueillir un artiste unique qui jouit d'une immense popularité. Son oeuvre s'est déjà inscrite pour toujours dans l'histoire du cinéma. Une longue fidélité unit Pedro Almodóvar au festival», ont déclaré le président du Festival, Pierre Lescure, et son délégué général, Thierry Frémaux, cités dans le communiqué.

- Avec l'Agence France-Presse