La brise venue de Venise avait déjà charrié son bon lot de rumeurs plus ou moins favorables à propos de la nouvelle offrande de Terrence Malick To the Wonder. Hélas, il faut bien se rendre à l'évidence. Ce long métrage maniéré met en exergue tout ce qui agace parfois dans le cinéma du réalisateur de The Tree of Life: afféteries, complaisance dans la mise en scène, sans oublier le penchant notoire pour les bondieuseries. Surtout, le réputé cinéaste n'a pas donné à son film une direction affirmée. Le résultat apparaît pour le moins approximatif. C'est un peu comme si un autre film demandait à émerger de la salle de montage.

Lors d'une période de questions tenue après la première projection du film, Olga Kurylenko et Rachel McAdams, les deux seules interprètes à avoir accompagné To the Wonder au TIFF, ont d'ailleurs révélé avoir tourné plusieurs scènes ensemble. Elles ont finalement découvert que toutes ces séquences n'avaient pas été retenues. «Ce film aurait pu durer cinq heures tellement il y avait de la matière!», a lancé Olga Kurylenko en évoquant tout ce que Terrence Malick a tourné.

Cette dernière assure en outre la narration principale de ce film dans lequel une bonne partie se déroule dans la langue française. À Paris, une jeune mère célibataire (Kurylenko) tombe amoureuse d'un Américain (Ben Affleck). Ce dernier l'invite à la suivre aux États-Unis avec sa fille, au milieu de nulle part, en plein coeur du continent. Or, les deux amants ont beau batifoler dans les champs et gambader dans les prés comme s'ils allaient entonner la prochaine chanson de La mélodie du bonheur, une insatisfaction réciproque se fait vite sentir. L'homme, qu'on n'entend presque jamais (on voit beaucoup Ben Affleck à l'écran, mais l'acteur n'a pratiquement aucune réplique à livrer), se tourne alors un temps vers un amour de jeunesse (Rachel McAdams). Envers qui il se révèle finalement tout aussi distant. De son côté, Javier Bardem vient donner la caution religieuse du film en campant un prêtre dont on comprend mal le rôle et ce qu'il vient faire dans l'histoire.

To the Wonder est seulement le sixième long métrage de Terrence Malick en 39 ans, mais le deuxième en autant d'années. Jamais l'auteur cinéaste n'avait offert un nouvel opus aussi rapidement. Peut-être le méticuleux cinéaste aurait-il dû peaufiner davantage son oeuvre et viser plus de cohérence? To the Wonder sera distribué au Canada par la société V V S. Aucune date de sortie n'est encore fixée.

Un peu de perversité

Deux ans après Potiche, François Ozon a refait appel à Fabrice Luchini pour le plonger cette fois dans une histoire au ton très différent. Dans ce nouveau film intitulé Dans la maison, le célèbre acteur se glisse dans la peau d'un professeur de français complètement découragé par la piètre performance générale de ses élèves. Lorsque l'un d'eux, âgé de 16 ans, affiche un certain talent d'écriture, le prof s'emballe. Et encourage le jeune auteur à continuer. Pour ce faire, ce dernier s'immisce dans une famille...

Tout ce qui fait habituellement la force du cinéma de François Ozon se retrouve dans ce suspense jubilatoire dans lequel le personnage du jeune auteur, extrêmement habile, et manipulateur, devient le vecteur des fantasmes de ceux qu'il côtoie. La présence du jeune homme, interprété par Ernst Umhauer (dont on ne pourra faire autrement que de lui trouver des traits de ressemblance avec Gabriel Nadeau-Dubois), aura tôt fait d'avoir un impact tout autour. Le couple que forme le prof avec la directrice d'un musée (Kristin Scott Thomas) sera éprouvé. Et tous les membres de la famille de laquelle s'inspire l'auteur pour écrire ses récits, y compris la mère un peu lasse (Emmanuelle Seigner), feront tour à tour l'objet de son attention.

Inspiré du Garçon du dernier rang, une pièce de théâtre de l'auteur espagnol Juan Mayorga, Dans la maison distille un regard à la fois ironique, grinçant et drôle qui n'épargne personne.

«Je ne connaissais pas cette pièce du tout, mais un ami m'a dit qu'elle m'intéresserait sûrement, a raconté François Ozon au cours d'une entrevue à La Presse. La pièce n'était pas aussi grinçante que le film, cela dit. J'y ai évidemment ajouté une bonne dose de perversité!»

Acquis par Films Séville, Dans la maison commencera sa carrière québécoise dans l'un des festivals de cinéma de l'automne.