Le nouveau film d'Yves Simoneau, L'appât, a créé un nouveau duo policier pour le grand écran: Guy A. Lepage et Rachid Badouri. Si les deux flics québécois font des étincelles comiques au cinéma, dans la vraie vie, ils sont devenus amis. Pas de blague!

Avant le tournage du film L'appât, Guy A. Lepage et Rachid Badouri étaient des connaissances. Aujourd'hui, ils sont aussi proches que les menottes et la lampe de poche sur le ceinturon du policier.

«Je sais que Guy A. a l'air un peu sérieux, mais c'est un enfant de 6 ans qui ricane à rien, dit Rachid Badouri à propos de l'animateur. J'ai rencontré le vrai Guy A., un ami, un frère.»

Ce dernier renvoie l'ascenseur avec aisance, s'étonnant des connaissances encyclopédiques de son collègue. «Ce gars-là aime tellement le cinéma qu'il est comme un disque dur, dit-il. Il a en mémoire toutes les scènes importantes du cinéma américain. Il n'avait pas de difficulté à s'alimenter du rythme du cinéma. Il l'avait tout de suite, il comprenait les nuances.»

Rachid Badouri n'était pas de la distribution originale. Anthony Kavanagh devait d'abord tenir le rôle de Ventura, avant d'être remplacé pour des questions d'horaire. Après deux petites apparitions dans les films Y'en aura pas de facile et Le toubib, Badouri attaque un premier grand rôle de belle façon, assure Yves Simoneau.

«Pour avoir travaillé avec toutes sortes de gens dans le passé, je peux vous dire que Rachid, même si c'était son premier film, travaillait comme s'il en avait fait 50, dit le réalisateur. De voir se développer sous nos yeux un acteur de ce calibre est très plaisant.»

L'autre élément fort sur le plateau est la complicité entre les deux acteurs, ajoute-t-il.

«Tous deux offraient ce dont le personnage avait besoin. Guy A. Lepage était comme un mentor. La différence d'âge était là. La différence culturelle aussi. Il y avait à l'intérieur des acteurs beaucoup de qualités qui allaient servir leur personnage.»

Corps et âme

Très physique, le film a exigé des deux principaux acteurs de tenir une forme de tous les instants.

Badouri, qui se définissait comme «slim» mais avec un corps sans définition, s'est soumis à un entraînement intensif de six jours par semaine doublé d'un régime alimentaire spécifique pour se donner un profil de policier aux pectoraux d'acier.

Il a aussi suivi des cours de combats et de langues, car il parle le français, le sicilien, l'ukrainien, l'arabe, le créole et l'espagnol dans le film.

De son côté, Guy A. Lepage fait remarquer qu'il l'a eu à la dure. «J'avais une petite difficulté avec le fait que mon personnage est maladroit, expose l'animateur. Or, quand on fait une cascade, qu'on sait qu'on va mal tomber et qu'il faut que ça ait l'air que ça fait mal, ben... on se fait mal.»

Voilà pour le côté physique. Du côté âme, l'un et l'autre ont trouvé des similitudes et des effets miroir entre leur personnage et eux-mêmes.

«Ventura se rapproche un peu de moi, analyse Badouri. Pas dans le sens qu'il parle plusieurs langues, maîtrise les combats, est une carte de mode et tue du monde pour le compte du gouvernement. Mais dans le sens qu'il est très proche de sa mère. C'est un grand débrouillard qui est très loyal, très honnête.»

Sans détour, Guy A. Lepage reconnaît quant à lui qu'il aurait aimé être un Jack Bauer. «J'ai la forme physique pour faire cela, défend-il. Je suis assez habile avec le tir. Je voulais faire un agent secret, faire un film d'espions avec de la bataille, etc. On m'a dit «bonne idée» et on a fait un film où j'ai hérité du rôle de la police poche.»

Il ne semble pas très déçu pour autant, il trouve plutôt amusant d'avoir à explorer le côté «face cachée de la lune» de sa personnalité. Parce que Prudent Poirier est, en quelque sorte, un personnage miroir de Lepage. «Face à certaines scènes, on n'a qu'à imaginer l'inverse de notre première réaction.»

Et puis, habitué d'être assis dans le siège du conducteur, il a adoré être dirigé. «Ce n'est pas compliqué quand on trouve que le capitaine est bon, dit Lepage au sujet de Simoneau. J'étais absolument en confiance avec lui. J'aime faire cela et j'aimerais faire plus souvent des projets où je fais partie de la roue plutôt qu'être l'essieu.»

Ça devrait être chose faite dès l'été prochain, alors que Lepage doit jouer le rôle principal dans le film Bossé Inc, comédie financière tournée par le réalisateur Claude Desrosiers.

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L'appât prend l'affiche vendredi.