Une famille réunie autour du cercueil du patriarche. L'occasion de régler des comptes entre vivants. Frank Oz avait raconté la chose, à l'anglaise, il y a trois ans. Neil LaBute remet ça, à l'américaine. Changement de couleur - mais pas seulement parce que les vedettes s'appellent Chris Rock, Martin Lawrence et Tracy Morgan.

C'était il y a trois ans. Chris Rock s'est retrouvé dans une petite salle de répertoire devant le film de Frank Oz, Death at a Funeral. L'humour était britannique, la famille en scène aussi. Et, autour du comédien et humoriste américain, ça riait à gorge déployée, «même si nous n'étions qu'une dizaine dans le cinéma et que, normalement, il est plus facile de laisser tomber nos inhibitions quand nous sommes nombreux», a-t-il raconté lors d'une conférence de presse tenue dans un hôtel de Los Angeles, le week-end dernier.

D'où l'idée de refaire ce film, mais en le campant aux États-Unis. Pour, peut-être, attirer un plus vaste public à découvrir cette histoire qui, selon lui, valait le déplacement. «Le point de départ n'était pas de faire un meilleur film, mais de le faire autrement. Comme si nous décidions de grimper la même montagne, mais par une voie différente», poursuit Neil LaBute.

Parce que c'est lui qui a pris les commandes de cette comédie plus grand public que les oeuvres cyniques avec lesquelles il a fait ses marques - que l'on songe à Your Friends & Neighbors et In the Company of Men. «Il y a toujours de l'humour dans ce que je fais, parfois intentionnellement, parfois pas, rigole le réalisateur. Bref, j'avais envie de faire de la comédie franche depuis longtemps, mais il est parfois difficile de faire comprendre aux gens que nous sommes capables de faire autre chose que ce que nous avons fait avant.»

Or il se trouve que Neil LaBute avait dirigé Chris Rock dans Nurse Betty. Ils avaient aimé l'expérience. Rock a donc contacté LaBute pour lui proposer de s'attaquer au remake de cette histoire où faire une tête d'enterrement rime avec se fendre la poire. L'histoire écrite par Dean Craig a été transplantée à Pasadena, en Californie. Et, en changeant de continent et de famille, l'histoire a automatiquement changé de ton. De même que de couleur.

Ce qui ne fait pas de Death at a Funeral un film visant avant tout le public afro-américain comme, par exemple, les longs métrages produits par Tyler Perry. Il se trouve simplement qu'à l'origine du projet se trouve Chris Rock et que cette histoire en étant une de famille, le spectateur se trouve plongé dans une famille noire.

Le jour de l'enterrement du patriarche, le fils aîné (Chris Rock), écrivain en devenir, doit écrire l'éloge funèbre de son père. Mais il est écartelé entre sa femme (Regina Hall), dont l'horloge biologique sonne plus fort que jamais, et sa mère (Loretta Devine), qui n'en a que pour son benjamin (Martin Lawrence), auteur de best-sellers.

S'ajoutent au portrait un grand-père insupportable (Danny Glover), un ami passablement hypocondriaque (Tracy Jordan), une cousine adorable (Zoe Saldana) et «ses» deux Blancs - celui qui voudrait bien être l'homme de sa vie (Luke Wilson) et celui qui l'est (James Marsden). Ce dernier va accidentellement consommer quelques pilules qui vont lui faire voir une manière de septième ciel tout en entraînant sa belle en enfer - et le public, dans les moments les plus hilarants du long métrage: James Marsden sait mettre son physique avantageux (que l'on a l'occasion d'observer sous presque toutes ses coutures) au service d'un comique physique absolument irrésistible.

«La nudité n'est pas un problème pour moi... pourvu que ce soit dans une comédie», pouffe-t-il, provoquant les rires de Zoe Saldana qui, elle, assure ne pas être quelqu'un «de très drôle dans la vie. Mais je pensais que me retrouver avec ces gars-là pouvait être une expérience extraordinaire. Je ne me suis pas trompée». Rires et applaudissements approbateurs de ses partenaires.

La conclusion s'impose: simplement à voir la dynamique de la conférence de presse, on se dit qu'il a dû y avoir de l'action pendant ce tournage. «La décision de tourner en vidéo a été la bonne, souligne Neil LaBute. Sur un tel plateau, vous ne voulez pas être celui qui crie «Coupez!» pendant que tout le monde est inspiré. On tournait jusqu'à ce qu'ils n'aient plus rien à donner.» Mais, foi de témoin, depuis, ils ont rechargé leurs batteries!

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Death at a Funeral (Joyeuses funérailles) prend l'affiche aujourd'hui. Les frais de voyage ont été payés par Sony Pictures (Screen Gems).