Parce qu'il a envie de varier les plaisirs et d'explorer différents univers, Marc-André Grondin s'est retrouvé à tenir l'affiche d'une franche comédie à la française. Avec Didier Bourdon pour partenaire, il a trouvé une belle façon de faire ses classes...

Le hasard fait parfois bien les choses. Alors que Marc-André Grondin rentre tout juste d'Europe pour profiter de quelques mois de vacances chez lui, le deuxième film français dans lequel il a tourné, Bouquet final, prend l'affiche à Montréal sans crier gare.

«J'aurais probablement fait la tournée des médias quand même - ça faisait quand même un petit bout de temps que j'étais parti - mais cette sortie inattendue m'en donne le prétexte!»

Il est vrai que Marc-André n'a pas manqué de travail au cours des derniers mois. Outre 5150 rue des Ormes, le nouveau thriller d'Éric Tessier (Sur le seuil) que nous découvrirons à l'automne (sortie 9 octobre), l'acteur a tourné Le Caméléon de Jean-Paul Salomé (Les femmes de l'ombre), de même que Bus Palladium, le premier long métrage du scénariste Christopher Thompson (Fauteuils d'orchestre).

Petit détail non négligeable, Marc-André Grondin a aussi obtenu, en février dernier, le César du meilleur espoir masculin grâce à sa composition dans Le premier jour du reste de ta vie (Rémi Bezançon). Il n'avait pas pu se rendre à la cérémonie, tournant alors des scènes du Caméléon en Louisiane. Dans un reportage que La Presse lui a consacré à l'occasion d'une visite sur le plateau de Bus Palladium à Paris, le lauréat avait d'ailleurs confié avoir plutôt apprécié cette discrétion dans les médias français, du fait de cette absence.

«Il y a un petit côté mystérieux qui reste et j'avoue préférer cela. Quand ça part sur le plan médiatique là-bas, ça part! Et tu n'as plus de contrôle. Je n'ai pas vraiment envie d'être suivi par une meute de paparazzis dès que j'entre dans un resto.»

Faisant désormais partie des jeunes acteurs qui «comptent» en France, Grondin reçoit beaucoup de propositions, dont plusieurs font écho à des histoires du même genre.

«Celui de Bouquet final était tellement différent des autres qu'il a attiré mon attention, nous expliquait l'acteur québécois un peu plus tôt cette semaine. Au moment où j'ai reçu ce scénario, Didier Bourdon et Gérard Depardieu étaient déjà liés au projet. Au-delà du fait d'avoir beaucoup ri à la lecture, j'ai surtout vu là une occasion de faire quelque chose de très différent - je n'avais jamais joué dans une franche comédie encore - sans que les ressorts comiques de l'histoire ne reposent entièrement sur mes épaules, le personnage réagissant plutôt à ce qui se passe autour de lui. C'est dire que je n'avais pas à installer le rythme. J'y voyais une belle façon d'explorer une nouvelle avenue, sans prendre sur moi toutes les responsabilités. Juste à observer un gars comme Didier Bourdon, tu apprends déjà beaucoup.»

Des grosses pointures

Bourdon, reconnu pour avoir fait partie du groupe humoristique légendaire Les Inconnus (un peu le pendant de Rock et belles oreilles en France dans les années 80), n'est pas la seule grosse pointure que Grondin a côtoyée sur le plateau de Bouquet final. L'acteur québécois a pu donner la réplique à l'immense Michel Galabru le temps d'une scène. Il s'est aussi retrouvé à devenir l'unique rejeton d'une famille atypique, dont les parents sont incarnés par Marthe Keller et Gérard Depardieu. Ce dernier était partie prenante du projet dès le départ, la productrice, Sylvie Pialat, étant la veuve du cinéaste Maurice (Sous le soleil de Satan, Van Gogh), avec qui Depardieu était très lié.

Pendant huit jours, l'équipe s'est notamment retrouvée à l'intérieur d'une vraie péniche, lieu dans lequel habitent les parents du protagoniste de cette histoire.

«Une équipe de tournage confinée dans un lieu aussi exigu ne relève déjà pas de l'évidence, alors imagine quand un type imposant comme Depardieu débarque en plus!» se rappelle Grondin en riant. Bien sûr, il prend beaucoup de place et il aime déconner. Au moment où nous tournions, il était d'ailleurs particulièrement inspiré à ce chapitre, car c'était l'époque où la liaison entre Carla Bruni et Nicolas Sarkozy a été révélée au grand jour. Cela dit, ça reste quand même fascinant d'observer un tel monstre sacré à l'ouvrage. Et très drôle aussi! Gérard se fout des marques, des positions, il lit ses répliques sur des cartons parce qu'il ne les a pas apprises et pourtant, il donne au réalisateur exactement ce qu'il veut. Il est «ailleurs», dans une classe à part. C'est vraiment quelque chose à voir!»

Dès l'automne, Grondin retourne dans la Ville lumière afin d'aller tourner Insoupçonnable, le nouveau film de Gabriel Le Bomin (Les fragments d'Antonin) où il partagera l'affiche avec Charles Berling et Laura Smet. Un autre tournage français, sur lequel il préfère ne pas révéler de détails pour l'instant, devrait en principe figurer aussi à son programme l'an prochain. Il ne ferme cependant pas la porte du tout aux cinéastes québécois, bien au contraire.

«Je suis fier du cinéma que nous produisons chez nous et j'ose espérer qu'un jour, il y ait plus de réciprocité entre la France et le Québec sur le plan de la diffusion. Il faut que nos films rayonnent davantage. En attendant, les cinéastes québécois évoluent dans un contexte difficile et les acteurs aussi. Un phénomène comme C.R.A.Z.Y. relève de l'exception. J'en suis parfaitement conscient.»
Bouquet final est présentement à l'affiche.