La programmation de la Cinémathèque québécoise prend congé. Jusqu'au 24 septembre, l'institution du septième art se refait une beauté. Coût des travaux: 4 millions de dollars.

Le financement de ces rénovations avait été confirmé en septembre 2013 par le péquiste Maka Kotto, alors ministre de la Culture. Malgré les restrictions budgétaires qui frappent de plein fouet l'ensemble du secteur public, l'enveloppe n'a pas été diminuée par le gouvernement libéral.

Pour la Cinémathèque, qui a pignon sur rue dans le Quartier latin de Montréal, ces rénovations sont majeures. Elles permettront à l'organisme de revoir sa façon d'accueillir les clients, d'améliorer l'expérience muséale des expositions et d'attirer de plus larges publics grâce à de nouveaux équipements.

«Notre objectif est de mettre en valeur nos collections pour qu'elles soient plus disponibles. [...] Il faut aussi revoir la façon dont on se promène en arrivant ici. Les habitués s'y retrouvent, mais ceux qui nous visitent moins fréquemment s'y perdent», a avoué le nouveau directeur général Marcel Jean, en poste depuis mai.

La Cinémathèque, dont le mandat est «d'acquérir, documenter et sauvegarder le patrimoine audiovisuel québécois ainsi que le cinéma d'animation international», compte environ 450 membres. La salle Fernand-Seguin sera entièrement rénovée et pourra projeter des films sur pellicule 16 millimètres. Du côté de la salle Claude-Jutra, on sera en mesure de projeter des films en trois dimensions.

M. Jean veut aussi que l'institution du boulevard De Maisonneuve fasse une plus grande place aux jeunes.

Mettre fin à l'impasse budgétaire

Les derniers mois n'ont pas été faciles pour la Cinémathèque québécoise. Devant une impasse budgétaire aux opérations d'environ 600 000$ annuellement, plusieurs scénarios ont été envisagés, dont celui, vigoureusement dénoncé par les membres et les employés, d'une intégration partielle ou totale à Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ). L'idée a depuis été rejetée par le gouvernement et le conseil d'administration de l'organisme.

Or, le manque à gagner demeure important. «Une chose est certaine: oui, on cherche des solutions. On est passé du gouvernement Charest, libéral, au gouvernement Marois, péquiste, puis nous sommes de retour avec un gouvernement libéral. Peu importe le parti, quand on leur a demandé si notre subvention pouvait être augmentée, la réponse a toujours été la même. C'est non», avait expliqué en avril dernier le président du C.A., Louis-Philippe Rochon, lors d'une réunion d'urgence houleuse avec les membres.

Avec l'arrivée de Marcel Jean à la direction générale de l'organisme, le ministère de la Culture - qui répète depuis des mois que la Cinémathèque doit réfléchir à une mise en commun des ressources avec ses divers partenaires - trouve possiblement un allié.

«Il faut optimiser le fonctionnement et la gestion de la Cinémathèque et maximiser notre apport financier externe, soit par l'entremise de commandites, de partenariats ou d'alliances avec divers acteurs, dont BAnQ, l'UQAM ou même l'Office national du film (ONF), qui s'installera d'ici quelques mois dans le Quartier des spectacles», a affirmé M. Jean.

«Il faut évaluer le manque à gagner réel de la Cinémathèque pour ensuite aller discuter avec le gouvernement. Pour toutes sortes de raisons, il y a du travail à faire qui n'a pas été fait», a ajouté le directeur général, qui se laisse jusqu'à la fin de l'été pour présenter un rapport au Ministère pour relancer l'institution en crise financière constante.

Qui est Marcel Jean?

Marcel Jean est une figure réputée et reconnue du cinéma québécois. Ces trois dernières années, il a agi à titre de directeur artistique du festival d'Annecy, en France, un événement de référence mondiale en matière de cinéma d'animation. Auparavant, il avait aussi travaillé à l'ONF, comme producteur, au journal Le Devoir, comme critique, et a réalisé lui-même plusieurs films.

Photo fournie par G. Piel.

Marcel Jean, directeur général de la Cinémathèque québécoise.