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Le poids de la masse salariale est énorme dans le budget des sociétés comme la STM. Ne trouvez-vous pas qu’il est trop facile de négocier des conventions collectives généreuses en évitant les problèmes et ensuite de quémander de l’argent au gouvernement ?

Pierre D.

La perception que les employés de la Société de transport de Montréal (STM) et des autres sociétés de transport sont trop payés est en effet répandue. Nous avons reçu plusieurs commentaires en ce sens à la suite de notre éditorial sur le déficit des sociétés de transport collectif1.

Qu’en est-il réellement ? La question n’est pas simple à trancher et nous n’avons pas la prétention de le faire ici. Pour y arriver, il faudrait comparer les conditions de travail des employés des sociétés de transport en commun avec celles d’emplois équivalents, en tenant compte non seulement des salaires, mais aussi des vacances, des congés, du régime de retraite et de tous les avantages sociaux.

L’Institut de la statistique du Québec (ISQ) réalise de telles enquêtes, mais n’a pas d’analyse spécifique sur les employés des sociétés de transport.

Ces derniers sont plutôt inclus dans la grande catégorie des employés municipaux.

Année après année, ces derniers trônent au sommet des employés les mieux rémunérés par rapport à leurs collègues du privé (tant syndiqués que non syndiqués), des administrations publiques provinciale et fédérale, des entreprises publiques et du secteur universitaire. C’est vrai tant pour le salaire que pour la rémunération globale.

L’écart entre les employés municipaux et ceux de la fonction publique provinciale, par exemple, s’élève à 25,7 % pour les salaires et à 34,6 % pour la rémunération globale. C’est considérable. Cela ne dit pas, évidemment, si ce sont les employés de Québec qui sont sous-payés ou ceux des villes qui le sont trop.

Encore une fois, ces conclusions s’appliquent à l’ensemble des employés municipaux et pas spécifiquement aux employés des sociétés de transport.

Voici quand même quelques chiffres et éléments d’analyse.

Actuellement, à la STM, un chauffeur d’autobus, un opérateur de métro ou un agent de station gagne 27,29 $ l’heure comme salaire d’entrée, un taux qui grimpe (et plafonne) à 33,59 $ l’heure après trois ans d’expérience.

À Toronto, en comparaison, la convention collective est échue et fait l’objet d’une négociation. La convention précédente prévoyait des taux entre 20,12 $ et 26,10 $ l’heure pour les chauffeurs et agents de station.

Précisons encore ici qu’une analyse complète devrait tenir compte de toutes les conditions de travail. Rappelons aussi que le coût de la vie à Toronto est supérieur au coût de la vie à Montréal.

L’ISQ a étudié les augmentations salariales inscrites dans les conventions collectives qui étaient en vigueur au 31 décembre 2021. Résultat : les employés des sociétés de transport pouvaient alors compter sur des augmentations de 2 %. Cela se compare à des augmentations de 2,3 % au privé, de 1,9 % pour les entreprises publiques québécoises, de 2 % dans le monde universitaire, de 2,3 % dans l’ensemble du monde municipal et de 1,5 % au fédéral.

Aspect non négligeable, les employés de la STM bénéficient d’un régime de retraite à prestations déterminées. Ces régimes sont la norme dans la fonction publique, mais sont de plus en plus rares dans le privé (87 % des employés qui en bénéficient au Canada sont dans la fonction publique, selon Statistique Canada2).

La STM rappelle de son côté que ses employés sont souvent appelés à travailler le soir, la nuit et le week-end. Elle affirme aussi que la pénurie de main-d’œuvre crée des enjeux de rétention et de recrutement d’employés, ce qui était beaucoup moins le cas par le passé. Dans les seuls domaines de l’ingénierie et des technologies de l’information, la société affirme avoir plus de 130 postes à pourvoir.

Notons que la masse salariale représente environ 70 % des budgets des sociétés de transport.

Lisez l’éditorial « Les mendiants des transports en commun » Consultez une étude de Statistique Canada