Un de nos journalistes vous présente un essai récemment publié

« Depuis la nuit des temps… nous vivons ensemble », souligne la journaliste indépendante Gabrielle Anctil. Ou plutôt, nous vivions ensemble. Dans Loger à la même adresse, son premier essai, elle propose une réflexion sur la vie collective comme solution à la crise du logement, à l’urgence écologique et à l’isolement.

Répandue pendant une grande partie de l’histoire de l’humanité, la vie en communauté a vu son étoile pâlir avec la popularisation du modèle de la famille nucléaire, dans les années 1950. Le couple et ses enfants ont alors été mis au cœur des foyers, puis la vie en solo a explosé. Au Canada, 4,4 millions de personnes vivaient seules en 2021, comparativement à 1,7 million en 1981.

« Vivre en communauté n’est certainement pas une idée neuve, écrit l’autrice. Pourtant, vivre en communauté est aujourd’hui considéré comme une drôle d’idée. » Cette drôle d’idée, Gabrielle Anctil la met en pratique. Il y a 14 ans qu’elle habite La Cafétéria, une communauté qu’elle a cofondée avec des amis au début de sa vingtaine, dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve. Aujourd’hui, La Cafétéria rassemble neuf personnes dans cinq appartements d’un six-plex. Tous partagent les dépenses (à la hauteur de leurs revenus) et participent à des soupers collectifs organisés régulièrement dans la cuisine commune, au rez-de-chaussée.

N’allez pas qualifier l’endroit de « commune ». Il s’agit plutôt d’une « communauté intentionnelle », un terme moins péjoratif, plein de nuances et difficile à définir, mais dont l’intention est au cœur de l’identité.

Selon la Foundation for Intentional Community, il s’agit d’« un groupe de gens qui ont choisi de vivre ensemble ou de partager des ressources sur la base de valeurs communes ». On peut penser aux cohabitats et aux écovillages, des modèles différents des coopératives ou de la simple colocation, et qui suscitent un intérêt grandissant au Québec.

Dans ce court essai, Gabrielle Anctil se penche sur l’histoire de ces communautés et sur les solutions qu’elles peuvent apporter à divers défis que doit affronter la société tels que le vieillissement de la population, le travail d’élever des enfants, les inégalités et la crise écologique (le partage des ressources permettant de réduire l’empreinte d’un foyer).

Bien que le concept en fasse rêver plusieurs, il comporte son lot de barrières et d’obstacles. Pour preuve, seulement deux cohabitats ont vu le jour au Québec, même si les projets sont nombreux.

Et tout séduisante qu’elle soit pour les uns, l’idée de vivre en commun avec des étrangers en repoussera certainement d’autres. Si les nombreuses références d’écrits et de recherches produits sur le sujet s’avèrent convaincantes, la vie à l’intérieur de différentes communautés aurait pu être davantage relatée.

La journaliste se garde toutefois d’embellir la réalité. Mais elle propose, à ceux et celles qui seraient tentés par l’aventure, des pistes pour bien vivre ce vivre-ensemble et appelle à ce qu’on donne à ces communautés les moyens de se multiplier.

Extrait

« Bien sûr, la vie en communauté demande de nombreuses adaptations. Il faut changer divers détails de notre manière de vivre. Mais la distance à parcourir pour y parvenir est beaucoup moins grande que ne l’imaginent beaucoup de gens. Il suffit souvent de faire le premier pas. »

Qui est Gabrielle Anctil ?

  • Recherchiste et journaliste, Gabrielle Anctil écrit pour divers médias, notamment les magazines Continuité, Beside et Québec Science.
  • Elle anime l’émission La bataille pour la forêt, sur les ondes de Savoir Média, et vit dans une communauté intentionnelle qu’elle a cofondée.
Loger à la même adresse

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Les Éditions XYZ

192 pages