Une fois par mois, nos photographes racontent l’histoire derrière une image marquante.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Début août, je survolais en hélicoptère les centaines de kilomètres de paysage carbonisé par le plus grand incendie de forêt de l’histoire du Québec. L’incendie 218 a détruit plus de 1,2 million d’hectares de forêt boréale près de Radisson et des barrages LG-2 et LG-3. En affectation à la Baie-James avec Hydro-Québec, mon objectif était de trouver des paysages qui racontent une histoire et surtout de trouver des images qui vont capter l’attention du public. J’ai remarqué au loin ce rayon de soleil illuminant parfaitement l’un des rares îlots de forêts épargnées par les flammes. Je trouvais ce paysage symbolique. La terre brûlée dans l’ombre et ce qui reste de vivant, à la lumière. – Martin Tremblay, La Presse

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

L’Omnium Banque Nationale a été à l’image de notre été, souvent interrompu par la pluie. Nous étions cloîtrés dans la salle de presse depuis un bon moment déjà à cause des averses et il a fallu qu’un collègue, fin renard, devine le début d’un arc-en-ciel en apercevant quelques rayons de soleil percer les nuages pour que la cohorte de photographes accoure sur le toit du stade afin de capter une image évocatrice de ce 10 août. Pendant que chacun avait le même magnifique arc-en-ciel dans son objectif, je me suis dit : « Si tout le monde regarde à gauche, c’est le temps de regarder à droite. » C’est à ce moment-là que j’ai vu ce jeune couple… donner un petit quelque chose de plus à la scène. – Dominick Gravel, La Presse

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Le tennis est un très beau sport à photographier, mais comme dans tous les sports professionnels, les photographes ne peuvent pas se placer comme ils le souhaitent. Malgré la proximité des joueuses, notre positionnement photo n’est pas toujours optimal, il faut donc tenter de jouer avec la lumière pour illustrer un match de façon originale. La Québécoise Leylah Fernandez a remporté son match de fin d’après-midi, le 8 août dernier à l’Omnium Banque Nationale, contre l’Américaine Peyton Stearns. Le soleil qui amorçait sa descente vers le crépuscule a donné cette image à haut contraste, que j’aime beaucoup. – Hugo-Sébastien Aubert, La Presse

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Les Cowboys Fringants ont sans doute donné l’un des spectacles les plus courus… et les plus touchants de l’été au Québec. Le 16 août, le groupe a pris part à l’International de montgolfières de Saint-Jean-sur-Richelieu. La veille, la chanteuse Marie-Annick Lépine s’excusait pour l’annulation de prestations dans certains festivals, dans un message sur Facebook. « L’espoir est la seule chose qu’il nous reste, a-t-elle écrit. L’espoir qu’un traitement fonctionne et puisse donner du temps et une belle qualité de vie à mon amoureux. » Émues par la maladie de son conjoint, le chanteur Karl Tremblay (sur la photo), des centaines de personnes ont fait la queue pour acheter un billet de dernière minute pour le voir briller sur scène. Le groupe semblait émotif, mais énergique, ce que lui a bien rendu la foule immense réunie pour l’occasion. – Josie Desmarais, La Presse

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

À la mi-août, je suis avec le journaliste Marc Thibodeau à Berlin au Vermont, dans un hôtel où logent des personnes en situation d’itinérance qui risquent de perdre leur toit à la suite de compressions budgétaires. Quand j’aperçois cet homme à travers une fenêtre, je me dis que l’image cadre parfaitement avec le reportage. La buée à droite donne le ton, et fait en sorte que toute l’attention va vers le sujet. La photo prise, je dois obtenir sa permission. Bougon, cet ancien journaliste ne parle à personne, me prévient-on. Je m’approche doucement, et lui dis : « Bonjour, il paraît que vous avez déjà été journaliste. Je suis moi-même photographe de presse et j’ai fait une belle photo de vous. J’aimerais avoir votre accord pour la publier. » Il accepte, me donne son nom et son âge. Puis il lance, en anglais, avec quelques gros mots que je vous épargne : « Maintenant, laissez-moi tranquille ! » Bien sûr, Monsieur Buknatski. Et merci encore pour la photo. – Robert Skinner, La Presse