Les premiers abonnés du service d’autopartage Communauto se souviendront sans doute d’une époque où il fallait remplir à la main des papiers pour indiquer le kilométrage parcouru avec la voiture.

Ce qu’ils savent moins, c’est que pendant quelques années, le service à la clientèle de l’entreprise était pour le moins… personnalisé !

« Communauto, bonjour ! »

Cette voix, c’était celle de Benoît Robert, qui répondait aux appels des clients jusqu’au beau milieu d’un lac, en vacances.

« J’étais une des rares personnes que les gens voyaient avec un cellulaire. Tsé, les gros Motorola ? J’étais tout excité ! », dit-il avant d’éclater de rire.

Les temps ont bien changé. D’un service lancé avec trois voitures à Québec (« J’avais hâte d’en avoir 10 », dira Benoît Robert), on en est aujourd’hui à près de 6000 autos frappées du logo de l’entreprise, qui aura bientôt 30 ans.

Assis à une grande table dans les locaux de Communauto, rue Sainte-Catherine Ouest, Benoît Robert est intarissable sur son entreprise et son équipe.

Tantôt, il dit qu’il aime s’entourer de gens meilleurs que lui. Puis, il fait l’éloge de sa partenaire des premiers temps, Claire Morissette, une « militante du monde de la bicyclette ».

« Je l’admirais, j’étais flatté qu’elle veuille travailler avec moi », dit-il.

Il faut constamment le ramener pour qu’il parle de lui, un peu.

« Mon naturel, c’est de rester dans l’ombre », admet celui qui a pourtant un sens indéniable de la communication et un rire franc qui retentit à tout moment.

Il raconte néanmoins que lorsqu’il était adolescent, à Saint-Bruno-de-Montarville, en banlieue de Montréal, son père ne lui prêtait pas sa voiture.

« Depuis que je suis ado, je me déplace à vélo, en transport public ou à pied. Si je voulais venir à Montréal, j’étais toujours à vélo », dit M. Robert.

Puis il continue, parle de ses « petits voyages » de l’époque à Québec, à Toronto, à Plattsburgh.

Vraiment ? Tous ces kilomètres à vélo ?

Oui, à vélo. Et quand on se déplace beaucoup à vélo, dit Benoît Robert, on réalise que « moins il y a d’autos, mieux c’est ».

Cet amateur de plein air voulait tout de même avoir accès à une voiture, de temps en temps, pour sortir de la ville.

C’est en effectuant des recherches qu’il découvre qu’il existe dans le monde des services qui ressemblent à ce qu’il a en tête. Une voiture qu’on pourrait emprunter seulement quand c’est nécessaire. Comme ça n’existe pas ici, il le crée.

« J’ai lancé ça, j’avais 29 ans. Mes amis se plaçaient à gauche et à droite, avaient de vraies jobs. J’ai continué à vivre longtemps comme un étudiant », dit Benoît Robert.

Communauto aura bientôt 30 ans et emploie près de 200 personnes. On trouve même des voitures Communauto en France !

Pas mal, pour un « idéaliste de gauche » qui avait de « grands préjugés par rapport aux entreprises ».

Benoît Robert est maintenant à la tête d’une entreprise rentable, qui rachète d’autres entreprises pour avoir le contrôle, par exemple, sur leurs technologies. Se voit-il comme un modèle ?

Mon but, quand j’ai lancé Communauto, c’était de changer les comportements. Je voulais influencer l’évolution de la société.

Benoît Robert, fondateur de Communauto

Des concurrents sont venus, sont vite repartis (on se souviendra de Car2Go). Communauto demeure.

« Je pense que Communauto a un rôle à jouer pour être le gardien de l’autopartage. Ce n’est pas parce qu’on prétend faire de l’autopartage que le résultat va être de la même valeur en termes urbanistiques et environnementaux », dit Benoît Robert.

« Dès le jour 1, c’est ce que j’avais en tête. »

Qui est Benoît Robert ?

  • Né à Montréal en 1964
  • Titulaire d’un baccalauréat en biologie de l’Université du Québec à Montréal et d’une maîtrise en aménagement du territoire et développement régional de l’Université Laval.
  • Nommé en 2022 au sein de l’Ordre du Canada « pour son apport au développement de l’industrie de l’autopartage et à la réduction des émissions de gaz à effet de serre ».