Un médicament comme Ozempic soulève bien sûr la question du glissement vers un usage esthétique. Une récente analyse du New York Times a démontré qu’un quartier cossu de Manhattan comptait en proportion deux fois plus d’utilisateurs d’Ozempic qu’un quartier pauvre, qui pourtant vivait davantage de problèmes d’obésité.

De façon anecdotique, le quotidien rapporte que « l’effet Ozempic » serait même perceptible dans les restaurants, où de plus en plus de clients ne commanderaient que des entrées à partager plutôt qu’un plat principal, leur appétit étant réduit par le médicament.

Pour le DSylvain Iceta, il est dommage que certains utilisent un médicament comme Ozempic pour régler des problèmes d’image corporelle, plutôt que de laisser le médicament convoité à ceux qui en ont vraiment besoin.

C’est la pire idée du monde, pour des gens qui ne sont pas de vrais obèses. Ce n’est pas une solution à long terme.

Le DSylvain Iceta, médecin psychiatre

« Ça entretient l’idée qu’on peut contrôler son image corporelle avec un médicament. Après, les gens se rendent compte qu’ils ne sont pas plus populaires, ne gagnent pas mieux leur vie, n’ont pas plus d’amis… On devrait réserver ce médicament à des gens qui sont suivis, qui ont un accompagnement thérapeutique », estime le DSylvain Iceta.

Selon la Dre Marie-Philippe Morin, il serait possible de trouver des balises pour que ces médicaments soient prescrits et remboursés aux gens qui en ont besoin pour des raisons médicales.

« On a des vedettes qui disent prendre ça pour perdre quelques kilos, mais c’est complètement autre chose. Il ne faut pas accepter tout, mais il faut un juste milieu. Une personne obèse est atteinte d’une maladie chronique, il faut la traiter comme n’importe quelle autre maladie. Les gens doivent souvent attendre trois ans avant de subir une chirurgie bariatrique, qui ne va pas tout régler non plus. Donc si des médicaments comme Ozempic peuvent aider tout de suite, on peut désengorger les listes d’attente et avoir moins d’opérations chirurgicales », dit-elle.

Pour l’heure, Valérie Lemesle compte les jours avant la fin du stock d’Ozempic dans son frigo. Elle vient de lancer la page Facebook « Ozempic : La pétition pour son remboursement » pour faire pression auprès du gouvernement provincial afin qu’il accepte de rembourser le médicament.

Mme Lemesle dit avoir trois mois d’Ozempic dans son réfrigérateur, soit jusqu’à la fin du mois de novembre. Ensuite, elle dit qu’elle n’aura plus les moyens de payer le médicament de sa poche.

« Je ne sais pas ce que je vais faire », dit-elle.