Pas facile de faire son nid au Québec. Parlez-en aux principaux actionnaires de la société AAER, le seul manufacturier d'éoliennes au Canada, dont les installations sont situées dans l'ancienne usine Hyundai, à Bromont.

Pas facile de faire son nid au Québec. Parlez-en aux principaux actionnaires de la société AAER, le seul manufacturier d'éoliennes au Canada, dont les installations sont situées dans l'ancienne usine Hyundai, à Bromont.

À la suite de son appel d'offres de cinq milliards de dollars, Hydro-Québec, le 5 mai dernier, n'a accordé à AAER aucun des contrats d'éoliennes, préférant les octroyer à des manufacturiers étrangers.

Conséquence de cette annonce: l'action d'AAER s'est littéralement effondrée, passant de 2,10$ à seulement 43 cents, soit une chute de 80%. AAER a vu sa capitalisation boursière fondre de 143 millions de dollars en une journée.

Mon collègue de LaPresseAffaires.com, Michel Munger, rapportait la semaine dernière que l'un des principaux actionnaires d'AAER, la banque américaine d'investissement Lehman Brothers, avait largué près de 5,8 millions de ses actions lors des deux séances qui ont suivi l'annonce d'Hydro-Québec.

Du coup, Lehman Brothers se départait de 40% de sa position dans AAER.

On ne peut certes pas en vouloir à cette grosse banque américaine de liquider une importante partie de ses actions dans AAER quand on voit que le gouvernement du Québec, par l'entremise de sa plus grande société d'État, Hydro-Québec, ne donne aucune chance au seul manufacturier canadien d'éoliennes implanté, par surcroît, au Québec.

Nombre d'observateurs se questionnent d'ailleurs sur la logique d'écarter totalement une petite société québécoise au profit des manufacturiers étrangers...

Quel paradoxe de voir le gouvernement du Québec soutenir des manufacturiers étrangers aux dépens de nos travailleurs.

Quel paradoxe également de voir AAER décrocher à l'étranger (notamment aux États-Unis) des contrats alors que le Québec l'écarte complètement de ses champs d'éoliennes.

Et pourtant, les éoliennes d'AAER, selon son président Dave Gagnon, respectaient tous les critères établis par l'appel d'offres d'Hydro-Québec. Il a en sa possession deux lettres d'Hydro-Québec qui attestent de la conformité des appareils d'AAER.

Le chef de l'ADQ, Mario Dumont, s'est porté la semaine dernière à la défense d'AAER.

Lors d'une visite à l'usine d'AAER de Bromont, il a dénoncé «le refus du gouvernement libéral de faire appel à l'expertise québécoise» dans l'octroi des contrats de développement éolien.

«Les libéraux, a-t-il dit, tournent le dos aux entreprises québécoises en laissant les sociétés d'État donner des contrats à des compagnies étrangères pendant que les entreprises québécoises sont à l'agonie à cause de la crise manufacturière. L'absence de stratégie économique du gouvernement est en train de nuire à l'avenir de plusieurs entreprises comme AAER qui cherchent à créer une expertise québécoise dans un secteur d'avenir et des emplois de qualité en région.»

Dans le cadre du prochain appel d'offres d'Hydro-Québec pour les 500MW d'énergie éolienne qui restent à octroyer, ajoute M. Dumont, il faudrait que l'octroi des contrats d'éoliennes soit fait de manière responsable envers les fabricants québécois.