Il m'a été impossible d'assister au combat Jean Pascal-Silvio Branco présenté vendredi soir dernier au Centre Bell. Priorité oblige, j'étais à Baie-Saint-Paul où j'assistais, dans le cadre du festival Rêves d'Automne, à la remise des prix décernés aux finalistes du concours national de peinture où un ami cousin tentait encore une fois de remporter la palme.

Si comme moi vous avez manqué le rendez-vous auquel nous avaient conviés Jean Pascal, champion du monde des mi-lourds, version WBC, et Silvio Branco, l'aspirant obligatoire, soyez sans crainte, tout n'est pas perdu puisque si vous êtes un abonné de Vidéotron vous pouvez à tout moment visionner le combat pour la modique somme de 20 dollars.

Ce que j'ai fait, hier matin.

Et quel combat ce fut mes amis.

D'entrée de jeu, il faut féliciter le vétéran boxeur italien, deux fois champion du monde. Branco, 43 ans, s'est présenté dans une forme splendide. Il a continuellement forcé le combat. Dominant au cours des premiers rounds, Branco a par la suite semblé manquer d'énergie devant le fougueux Pascal qui n'a jamais hésité à le frapper d'abord au corps avant de s'attaquer à la tête à l'aide de combinaisons habilement enchaînées.

Branco, en boxeur aguerri, a utilisé tous les trucs du métier pour tenter de déstabiliser Pascal qui heureusement a toujours su garder la tête froide. Jamais il n'est tombé dans les pièges que lui tendait l'expérimenté Branco qui, curieusement, malgré son âge, n'a jamais hésité à se porter à l'attaque, Ce qui a forcé Jean Pascal à se montrer extrêmement vigilent et extrêmement discipliné. Ce n'est qu'au quatrième round, après avoir bien étudié son adversaire et bien jaugé la distance qui le séparait de Branco, que le Jean Pascal que l'on connaît s'est finalement manifesté.

Yvon Michel: «Le bagage d'expérience que vient d'acquérir Jean Pascal lui servira tout au long de sa carrière. Les trois premiers rounds n'ont pas été faciles puisque deux des trois juges en ont donné deux à Branco. À cause de la longue portée de ce dernier, Pascal avait de la difficulté à s'approcher de lui. Ses coups étaient 'larges'. Par moments, on l'a vu en perte d'équilibre. Pas bon. Au quatrième round, à cause du style de Branco, on a tout de suite réalisé que ce combat-là ne serait pas un classique. Branco est allé au tapis au quatrième et septième round et à chaque fois les juges ont inscrit la note de 10-8 en faveur de Pascal. Ce qui est merveilleux dans la victoire de Pascal, c'est que Branco l'a forcé à réviser sa stratégie, l'obligeant à trouver lui-même la solution et à s'adapter au genre de combat que voulait lui servir le grand Italien. Bref, Pascal a été capable de s'adapter...».

Pascal: «En le frappant au corps, je savais que plus le combat traînerait en longueur plus son corps de 43 ans allait avoir de la difficulté à suivre la cadence. Et c'est exactement comme ça que ça s'est passé.»

Au dixième round, si les hommes de coin de Branco n'avaient pas lancé la serviette, Branco se serait fait démolir tellement Pascal avait réussi à l'ébranler.

Jamais moins de 10 000 spectateurs

Quelque 5000 amateurs pour assister à un combat de championnat du monde, avouez que c'est bien peu. Le moins surpris a cependant été Yvon Michel.

«Écoutez, quand la WBC nous a permis d'organiser le combat Pascal-Diaconu, alors que Silvio Branco était dans les faits l'aspirant obligatoire à la couronne que détenait Diaconu, il nous a fallu promettre que le vainqueur, en l'occurrence Jean Pascal, devrait affronter Branco dans les mois qui suivaient.»

Ce qui fut fait.

«Plus important encore, entre GYM et InterBox, une entente a été conclue afin que le combat contre Branco, peu importe le vainqueur du combat Pascal-Diaconu, soit organisé en partenariat. C'est vous dire à quel point nous savions que ce combat allait être difficile à organiser.

«En Branco, même s'il a été champion du monde en deux occasions, lui qui ne parle ni anglais, ni français, nous avions un problème.

«Et puis, si Antonio Tarver et Chad Dawson se sont battus à Las Vegas devant moins de 1000 spectateurs, il faut se féliciter d'avoir pu attirer près de 5000 personnes, vendredi. Nous ne perdrons pas d'argent mais nous n'en ferons pas beaucoup. Dans quelques jours nous aurons le résultat des profits engendrés par la télé à la carte et nous aurons ainsi une meilleure idée des succès engendrés au guichet.

«Une chose est certaine, poursuit Michel, jamais plus Pascal, tant et aussi longtemps qu'il sera champion du monde, ne se battra devant des foules de moins de 10 000 personnes.

«Les gens aiment de plus en plus Jean Pascal. Il est un athlète extraordinaire. La semaine dernière, au Centre Bell, au cours d'un match préparatoire entre le Canadien et les Bruins, les agents de sécurité ont demandé à Jean Pascal d'aller signer des autographes dans le corridor tellement les amateurs faisaient la queue devant son siège. Et ça n'a jamais dérougi.

«Les gens commencent à mieux connaître Jean Pascal et ils l'apprécient de plus en plus. Jean Pascal n'est pas arrogant, il est super confiant. Ce n'est pas la même chose. Il n'est pas champion du monde pour rien. Au fur et à mesure que les gens apprendront à apprécier ses énormes qualités de boxeur, sa popularité c'est certain ira en croissant.»

Quoi qu'il en soit, pour moins de 20 dollars, ce combat vaut la peine d'être vu.

Ça vous donnera une petite idée des belles soirées de boxe que Jean Pascal nous fera passer au cours des prochaines années.

Et puis, faut apprendre à aimer Jean Pascal.

Il en vaut franchement la peine.

Croyez-moi, je n'ai aucune accointance avec Vidéotron, mais vous devriez vite allez visionner ce combat, contre un boxeur accrocheur, salaud, compliqué, pas facile à boxer et super expérimenté, grand par surcroît et servi par une longue portée, Pascal s'est superbement bien débrouillé.

Pour parvenir à vaincre Branco, Pascal a dû accepter de recevoir le premier coup afin d'y aller à chaque fois d'une contre-attaque payante. Pas facile. Même si c'était la chose à faire, cela exigeait une bonne dose de courage de la part de notre champion.

Capice?