Ben non, je ne le pense pas. J’avais juste besoin d’attention. Peux pas en vouloir à ces petits gars-là, les Carabins, qui jouent au ballon gratis. En fait, j’aurais dû titrer ce texte « Chronique d’un baveux de Québec ».

Pour ceux à qui la chose ne serait pas familière, les Carabins de l’Université de Montréal visitent, à Québec, dimanche prochain, le Rouge et Or de l’Université Laval, dans un match de football universitaire.

Je suis un R-O-U-G-E et O-R all the way ! …comme disait Pierre Lambert. Alors, sans leur en vouloir, pas question de les aimer, vos étudiants de la métropole.

Et pourtant, sachez que ça m’exciterait d’avoir un ennemi ! Un petit manque maso de la politique. Cela dit, je n’existe pas pour vous faire plaisir. Une couple de petits coups dans les tibias, avant un affrontement, c’est toujours bon.

Vous nous avez battus lors du dernier match. Bonheur éphémère, sachez-le. Je suis allé à l’entraînement de Laval, il y a quelques jours. Je peux vous dire que depuis cette petite étourderie, ils les font dégouliner, les gaillards nourris aux hormones.

Ça ne sent pas bon pour vous, les garçons. Ouf ! Ils vont vous virer dans vos pads.

Et c’est chez nous, à Québec, sur nos terres, notre stade. Et on n’a pas l’intention d’être sympathiques.

En passant, quelque chose qui me titille depuis un bout, le nom du vôtre, votre stade, le CEPSUM… ? Vous n’avez jamais pensé à le changer, son nom, faire plus simple ?

CEPSUM… La première fois où je l’ai entendu, j’ai pensé qu’il s’agissait d’une nouvelle marque de pastille contre le mal de gorge. Ou d’une nouvelle variante de sel de table pour cardiaques.

Bon, je sais, vous vous êtes bien débrouillé dans les deux dernières années. Mais elle est où, la Coupe Vanier ?

Vous nous tirez la langue depuis. Mais on préserve notre majesté. L’élégance, notre marque de commerce. On détourne le regard et on passe à autre chose. La rancune, on connaît pas. La sobriété, la posture du gagnant naturel, on est comme ça, nous…

Pas comme vous, et votre Sainte-Flanelle, quand elle réussit à faire les séries – rarement par ailleurs, et c’est pas demain la veille – et que vous pognez les nerfs, que vous sentez déjà la Coupe.

Maudite marde que vous nous énervez, nous les baby-boomers nostalgiques des Nordiques ! Encore là, vous n’êtes pas foutus de la gagner, la maudite Coupe !

Soignez-vous, ma foi du Bon Dieu !

Et vous savez quoi ? À Québec, vous battre au foot, vous et les autres clubs, c’était devenu ennuyeux. Maintenant, on a repris goût à la chose.

Même si on est parfois confus : vous en bleu, nous en rouge. On est pas habitués à ça. À Québec, on se peinture pas mal toujours en bleu, à part une vague orange, et le rouge, ça vous appartient.

On essaie beaucoup de vous haïr à ce sport, mais on n’y arrive pas. Frustrant, ça ne nous vient pas naturellement, comme à l’époque, au hockey, quand on vous détestait pour nous en confesser.

Ben oui, on est en manque de hockey ! Qu’est-ce que vous pensez ? Surtout en ce 50e anniversaire de naissance des feus fleurdelisés. On en radote encore. La plaie d’une vie. Merci, Marcel Aubut.

Et la vérité, c’est que ça vous manque terriblement, vous autres aussi. Vous m’arrêtez pour m’en parler. Ces 31 décembre, avec un match Canadien-Nordiques, on voudrait tellement revivre ça. Recommencer à se maudire mutuellement. Vous devriez en parler à Geoff…

Et il y a Gary, Gary Bettman. Qui garde son jeu près de lui. Qui fait jouer les Coyotes dans un aréna paroissial. Descendus bien bas, les chacals. Et notre dollar canadien à 75 cents, comparé au dollar américain. Cheapo, ça nous tue. Gary sait compter.

Nous ressemblons au petit boutonneux, au bout du bar, à 3 h du matin, dont personne n’a voulu. Faut être mal pris en maudit pour partir avec ! Mais on ne sait jamais, ça pourrait nous arriver, on vaut plus que 30 sous quand même.

Et il y a les Sénateurs. Qui ne sont pas payants une minute, qui vivent comme des quêteux, de péréquation, comme le Québec. Les déménager, d’une capitale à l’autre, diplomatiquement, me semble que j’y verrais un plus dans le bilan, mon Gary ?

Et Pierre Karl est capable de faire vivre ça. Je vois déjà la promo d’ici : 4 billets de hockey + un abonnement à une revue + 2 films sur Illico et une rondelle, pour un prix imbattable. Ça marcherait, tempête !

Mais c’est certain que Justin s’en mêlerait. Après avoir perdu son siège au Conseil de sécurité de l’ONU, il ne laisserait pas faire. D’ailleurs, j’ai toujours soupçonné Justin de ne pas les avoir aimés, les Nordiques…

Je vous entends penser. Vous croyez que je suis jaloux hein ?

Et vous avez parfaitement raison, j’en braille encore !

Entre nous

Un petit bout vaniteux. Mais je dois en parler, le gars le mérite.

Certains collectionnent des timbres, de l’argent, des cartes de hockey, et d’autres, des claques sur la gueule.

Imaginez-vous donc qu’un crinqué sympathique de Québec a décidé, lui, de collectionner les caricatures de Labeaume.

André McGee, un homme d’affaires de Québec à la retraite, m’a remis dernièrement sa collection complète.

Plus de 1500 caricatures, de 18 caricaturistes différents !

Je n’en reviens pas encore. J’y vois mes 14 ans à la mairie défiler. Comme écouter la télé, sans le son. Un travail de moine. Merci, M. McGee.