Le courage des femmes iraniennes qui se soulèvent là-bas me chamboule.

Il faut redire le cran, qui tient de l’héroïsme, de ces manifestantes qui savent qu’elles peuvent mourir de ce choix de prendre la rue quotidiennement. La répression des vieux singes religieux qui les gouvernent est aveugle et terrifiante. Ils font la démonstration de ce que le fondamentalisme et l’instrumentalisation de la religion ont de plus vomissant de perfidies.

Bon… je fais tout ce qu’il faut pour me ramasser avec une superbe fatwa derrière la tête, moi là ?

Écoutez, messieurs les imams mal intentionnés, sachez que je ne suis qu’un simple anecdotier, vieillissant et sans écho, qui se prend pour un chroniqueur, et pas dangereux pour deux sous.

Alors, ne me prêtez aucune attention, et considérez ces quelques lignes comme celles d’un ancien politicien hors service et fossilisé qui veut faire l’intéressant.

Et je serais incapable de dessiner quelque caricature, ou écrire quelque roman que ce soit.

Ouf ! J’espère que j’en ai assez mis…

Maintenant, pas question ici de baver sur la religion, et surtout pas sur les femmes qui portent le hijab. Et je n’ai pas compris d’ailleurs qu’il s’agisse d’une révolte contre la religion musulmane.

Cela étant, on n’est pas obligé d’adouber toutes les mascarades, comme celle du régime de terreur des vieux primates de Téhéran.

Quant au hijab, le voile, nous n’avons pas à juger celles qui s’en coiffent, surtout pas nous, les mâles d’ici. Si une femme se sent mieux dans sa peau en le portant, eh bien tant mieux ! Cela donne une personne de plus d’heureuse sur la Terre, qui s’en portera mieux. Je n’en pense pas autant, par contre, pour d’autres accoutrements imposés à certaines femmes musulmanes…

Précision, malgré mes sentiments sur le sujet, je ne renierai pas le bien que je pense de la loi 21, mais c’est une autre histoire.

Mais ce voile peut avoir une autre signification, justement mauditement politique et avilissante pour les femmes qui ne veulent pas le porter, quand il est imposé comme empreinte par certains fous furieux qui manipulent cette foi musulmane, et interprètent le Coran à leur avantage, surtout pour conserver le pouvoir à tout prix en Iran. Rappelons également que l’ensemble des grandes religions ont été créées et sont gérées par des hommes.

Et justement, c’est le signal que nous envoient les Iraniennes actuellement.

Le voile est devenu LE symbole de l’oppression de leurs tyrans, et elles veulent avoir le choix, puisqu’en Iran ce choix n’existe pas, les femmes doivent porter le voile, une obligation politique dite religieuse.

Permettez-moi au passage de saluer les Frères musulmans, sunnites, qui n’y sont peut-être pour rien ou presque en Iran, chiite, mais qui ont beaucoup sévi dans la région, avec un prosélytisme intimidant, afin que les femmes portent le capuchon.

Par ailleurs, comment résonne au Québec ce rapport de force entre les femmes iraniennes et le régime ? Je connais peu de femmes d’origine iranienne chez nous, à part deux, remarquables, pour lesquelles j’ai énormément de respect.

Tout d’abord, Nimâ Machouf, cette brillante chercheuse, épidémiologiste et femme politique, dont on a entre autres pu apprécier les talents et les nombreuses analyses dans les médias durant la pandémie.

Et Olga Farman, une éminente avocate qui dirige le bureau de Québec de Norton Rose Fulbright. Maintes fois primée professionnellement malgré son jeune âge.

Dans les deux cas, de l’intelligence, du cœur et du gros bon sens.

Nimâ est très active dans la mobilisation à Montréal.

Les Iraniens d’ici ont besoin de se voir, de se rassembler pour partager leurs craintes, analyser la situation et les infos. Parce que le régime tire à l’aveuglette sur femmes et enfants, sans discrimination. Une tactique terroriste généralement efficace pour semer l’horreur. Vous pouvez ne pas être impliqué dans le mouvement de révolte et en mourir quand même. Ainsi, un ou une des vôtres peut y goûter malgré lui ou elle.

Nimâ constate tristement une tiédeur du réseau de la solidarité au Québec face à la cause. Mais il y a des explications tout de même.

Comment rejoindre la contestation sans que la droite radicale usurpe ces motivations, et la question du voile, pour servir son discours islamophobe.

Les Iraniens locaux attendent également avec anxiété l’expulsion, par le gouvernement canadien, de notables friqués de leur pays, coalisés avec le régime, qui se sont faufilés ici comme investisseurs étrangers.

Olga, elle, a moins de militantisme au compteur, mais agit à sa manière.

On parle d’une femme née à Rivière-du-Loup, de parents iraniens immigrants, qui a vécu à l’école primaire les préjugés du temps du livre de Betty Mahmoody et William Hoffer Jamais sans ma fille⁠1, publié en 1987, qui au Québec était devenu, pour beaucoup de gens à l’époque, l’image connue de l’Iran. Cette enfant, devenue grande, siège maintenant au conseil d’administration de notre plus importante institution financière, la Caisse de dépôt et placement du Québec. Quand même !

Recevant un prix de la Chambre de commerce de Québec récemment, elle a prononcé un discours de remerciements centré sur le leadership féminin, et surtout l’appui aux femmes iraniennes, qui lui a valu une longue ovation debout d’un public émotif. Ça fait plaisir.

Pour Nimâ et Olga, la société iranienne a atteint un point de non-retour. Elles ne voient pas comment celle-ci pourrait revenir en arrière. Ce peuple qui s’est soulevé à l’unisson pour un des plus fondamentaux droits des femmes ne demande aujourd’hui rien de moins que le changement du système fondamentaliste religieux et de la dictature.

Inextricable, surtout avec déjà plus de 400 morts jusqu’à maintenant⁠2.

Je n’ose pas me demander quel est notre plus gros problème au Québec, comparé à tout cela. Dans la ouate jusqu’aux oreilles…

Jamais sans ma fille

Jamais sans ma fille

Pocket

477 pages

1. Le réalisateur Brian Gilbert en a fait un film en 1991, avec Sally Field.

Consultez la page Wikipédia du film Jamais sans ma fille 2. Lisez le texte de The Economist : « While Iran’s turmoil persists, jitters spread through the region » (en anglais)

Entre nous

Trois prestations bouleversantes d’espoir.

Barayé, en l’honneur de la jeune Mahsa Amini, assassinée, interprétée par Shervin Hajipour, qui est devenue l’hymne du soulèvement.

Regardez l’interprétation de Barayé

Et deux vidéos de l’interprétation de Bella Ciao dans la langue perse, avec des images de la contestation dans la rue.

Regardez une interprétation de Bella Ciao Regardez une seconde vidéo de l’interprétation de Bella Ciao