Non, je n’ai pas vu ma cartomancienne dernièrement.

Mais comme l’oisiveté est la mère de tous les vices, et que je suis l’antéchrist du bricolage, je m’occupe l’esprit. Je pourrais chasser le faisan, comme Fitz, mais pas d’île de disponible.

Alors j’échafaude, et je vous partage une élucubration.

Mise en bouche.

Franchement, entre nous, on peut bien délirer pour se faire plaisir, mais je ne vois pas d’alternative potentielle de gouvernement à Québec autre que le Parti libéral, de mon vivant en tout cas.

Et comme il m’en reste statistiquement une quinzaine d’années, je peux facilement prédire que les Québécois ne tourneront pas à gauche toute et ne s’entretueront pas pour la souveraineté d’ici là. Donc, faites-vous une raison.

Parlons pour parler.

Il faudra bien un chef au Parti libéral du Québec (PLQ) un de ces quatre. Même si ça ne presse pas, mais pas du tout.

En attendant, je me suis dit : pourquoi ne pas mettre un peu de coconut dans le ventilateur ? Une spécialité que je tente de développer, je me cherche un créneau.

Alors, citoyens et citoyennes du Québec, une idée comme ça : un combo François-Philippe Champagne et Alain Rayes au PLQ, ça vous tenterait ?

La Coalition avenir Québec ne sera pas éternelle, le dieu Legault aura une fin, politique s’entend. Et la déesse GG (Geneviève Guilbault) n’aura pas de passe gratuite pour le remplacer, foi de Bernard Drainville et d’autres Goldorak caquistes.

La première qualité de messieurs Champagne et Rayes est que personne ne leur expliquera ce que pense le Québec profond.

Ils sont respectivement élus dans des circonscriptions fédérales dont les chefs-lieux sont Shawinigan et Victoriaville.

Plus régions et francos que ça, tu meurs. On est là directement dans les talles de M. Legault. Son fonds de commerce.

M. Champagne, originaire de la Mauricie, a fait carrière à l’international, dans de grosses entreprises.

Actuel ministre canadien de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, il a aussi détenu des portefeuilles importants dans les dernières années.

Une très grosse pointure en développement économique.

PHOTO PATRICK WOODBURY, ARCHIVES LE DROIT

Alain Rayes

M. Rayes a un autre style, mais non moins efficace. Un leader naturel pour ceux qui le connaissent.

Ancien maire de Victo, il est député fédéral, mais a quitté les conservateurs après la campagne au leadership, où il a dirigé celle de Jean Charest.

On se souviendra du traitement odieux que Pierre Poilievre et ses troupes lui ont réservé, dès les résultats de cette campagne connus. Alain Rayes est resté digne dans les circonstances, et a quitté sans vomir sur personne. Il siège maintenant comme indépendant.

Né dans le patelin qu’il a dirigé, on n’en remontrera pas à ce fils d’immigrants égyptiens sur les communautés culturelles, et leur intégration au Québec, et en région. Du savoir-faire, et du savoir-être.

Deux méchantes têtes politiques, qualités qu’on n’achète pas au K-Mart, pour paraphraser Kevin Parent.

Les deux sont clairement fédéralistes, ça a l’avantage d’être clair.

Mais ils connaissent parfaitement le Québec, et les vibrations francophones.

Mais M. Champagne est un homme qui, selon moi, se voit essentiellement au niveau fédéral. Dans la meilleure des hypothèses, il aimerait un jour diriger le pays. Mais Justin Trudeau semble vouloir rester pour la prochaine campagne, à moins que les chinoiseries en viennent à bout. Au Parti libéral du Canada, la règle de l’alternance à la tête du parti est forte entre francos et anglos.

Quant à M. Rayes, cet homme de principe qui colle à ses valeurs se trouve actuellement dans un vacuum politique. Ses prochains choix seront surtout des choix de vie.

Chose certaine, les deux sont impliqués jusqu’aux oreilles chez eux, et aimés de leur monde.

Comparez ces deux-là aux leaders politiques actuels, aux deux ordres de gouvernements, ou ce à quoi ils ressemblaient il y a quelques années. Pas gênants.

Bien sûr, et cela va de soi, ils nieront s’intéresser à la direction libérale, il est trop tôt. Mais gardez l’idée en tête.

En attendant, ils me dépriment, les libéraux. Des acteurs du bide cinématographique Perdus dans l’espace.

Inaptes à gérer les questions identitaires, comme celle de la disposition de dérogation. C’était prévisible, ils défendent leurs commettants de Montréal. Soit, c’est leur tâche première.

Mais pendant ce temps-là, ils n’ont aucune idée de ce qui se jase à Dolbeau, où tout ce qu’il y a d’anglophone est le nom d’un boulevard : Wallberg.

Et M. Legault a le beau jeu. Sans nuances, il nous tient en otage, bien serré dans son filet patriotique. Comment être contre ?

On sent chez les élus libéraux une absence dramatique de GPS politique, hormis une exception remarquée : Marwah Rizqy.

À part défendre les droits individuels d’une partie de la population, et on est tout à fait d’accord, un projet de société, ou de gouvernement, c’est beaucoup plus que ça.

L’incontournable demeure : ce parti a absolument besoin d’un dirigeant de calibre, issu et élu d’un milieu francophone. Sine qua non.

Si ces leaders ne sont pas messieurs Champagne et Rayes, ils doivent impérativement en dénicher un, pour atterrir ailleurs, à l’extérieur de la métropole.

C’est pour cela qu’il vaut la peine de supputer, brasser la cabane, et mettre un peu de merdouille devant l’hélice.

Entre nous

On croit parfois que tout existe, comme la version française du livre choc de Charles W. Mills, The Racial Contract, paru il y a 25 ans. Ce n’était pas le cas, comme l’a découvert Aly Ndiaye, alias Webster, de Québec. Il vient d’en publier la traduction, et il n’est franchement pas trop tôt : Le contrat racial, chez Mémoire d’encrier.

IMAGE FOURNIE PAR L’ÉDITEUR