Oh shit !

Je vais faire quoi avec ma guenille, moi ? Ma guenille des Packers ?

Des hoodies, t-shirts, des bas, des calottes et même un magnifique gilet, avec des lumières de Noël clignotantes insérées dans le tricot, que je porte dans des circonstances très spéciales, comme le plus parfait des colons.

Tout ça parce je suis un partisan sans cervelle, irrationnel et irréfléchi dans sa consommation de gugusses de sports.

Ce sont des gagas comme moi qui enrichissent les organisations de sport professionnel.

Mais là, il y a un os dans le problème.

Aaron Rodgers quitte les Packers de Green Bay, pour aller jouer au football dans la Grosse Pomme, comme quart-arrière chez les Jets de New York.

Et tout ça me crée un maudit cas de conscience, en plus de la guenille.

C’est que j’avais deux clubs préférés, moi : les Patriots de la Nouvelle-Angleterre et les Packers, à cause des quarts-arrières : Tom Brady et Aaron.

Mais quand Brady a quitté Boston pour aller jouer pour les Buccaners de Tampa Bay, je l’ai lâché. Zéro intérêt pour les boucaniers.

Et il n’a pas amélioré son cas en se séparant de cette magnifique femme qu’est Gisele Bündchen. Quel con ! Mais mon hypothèse est que Gisele est beaucoup trop brillante pour un gros menton comme Brady, et qu’elle l’a dompé.

Mais là, je fais quoi ? Je quitte les Packers comme le fait Aaron, ou je lâche Aaron ?

Si je compare avec la politique, à moins qu’idéologiquement ce ne soit insupportable, on a tendance à suivre le chef, n’est-ce pas ?

Je continue ma réflexion, mais c’est de la torture, j’vous dis pas !

Green Bay est une ville très spéciale, surtout pour sa nullité, à part le football.

J’y suis déjà allé faire un pèlerinage pour voir un match, à la rencontre du maire de Green Bay de l’époque, que j’avais connu à une rencontre de l’U.S. Conference of Mayors sur le libre-échange, à Washington.

Il m’a amené sur le terrain avant le match, une grâce. Aaron et ses coéquipiers à quelques mètres. Gros, très gros, des monstres ! Méchant trip pour un compulsif comme moi.

J’y ai même revu l’ex-gouverneur du Wisconsin, Scott Walker, que j’avais rencontré à Québec. Il avait la falle basse, venant de se faire recaler pour l’obtention d’un nouveau mandat à la tête de l’État.

Tout cela après s’être retiré de la primaire républicaine pour la présidence, en 2016, comprenant son incapacité à battre Donald Trump, en pleine ascension.

Le prétentieux naturel n’en menait pas large. Tellement à droite, le gars, qu’il se courrait après la queue dans le sens des aiguilles d’une montre.

Un peu plus de 100 000 personnes habitent l’agglomération de Green Bay, qui été fondé par le Français Jean Nicolet, en 1634, sous le nom de la baie des Puants. Mais l’odeur a quitté depuis.

81 000 personnes peuvent assister à un match au stade des Packers, le Lambeau Field.

Le centre-ville, si on peut l’appeler ainsi, est spectaculairement quelconque. Une mer de bungalows, et pouf ! le Lambeau Field en plein milieu. Ça fait médiéval, un château entouré par la plèbe.

Des ignorants historiques de la science de l’urbanisme.

Imaginez le bordel quand le stade se vide et qu’une file de voitures s’allonge jusqu’à Milwaukee, où je logeais, à plus de 100 milles de là.

Parce que les Packers sont le club d’un État, le Wisconsin, et d’une autre ville, Milwaukee.

Historiquement, ils font partie des premiers clubs à avoir formé l’ancêtre de la NFL, début du XXe siècle, et dont les créateurs étaient reconnus comme douteux.

Cette épopée est décrite dans un incroyable livre rédigé par John Eisenberg, The LEAGUE, How Five Rivals Created the NFL and Launched a Sports Empire.

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The LEAGUE, How Five Rivals Created the NFL and Launched a Sports Empire

Il y a le match lui-même, mais il y a son environnement : tail gate et vendeurs du Temple. Aux Packers, la fanfare totale dans le quartier.

Je me souviendrai toujours d’un match des Patriots, au stade Gillette, il y a quelques années. Avec de vieux copains, on s’était organisé une virée sportive en VR à Boston. Bruins et football.

On s’installe au tail gate, et déploie auvent, BBQ, et tout l’attirail pour se taper de la boustifaille lourde de gras trans, recommandée par le Guide alimentaire canadien.

On se rince la dalle avec du rouge de qualité, pour prévoir la digestion.

Mais nos voisins américains, visiblement décontenancés, et trouvant que nous faisions pitié avec notre pinard, sont venus nous offrir de la bière pour nous rendre ce moment plus heureux !

Des bons gars, mais qui nous trouvaient un peu délicats, ou démunis.

En retour, nous leur avons fait goûter nos cochonnailles, sans leur apprendre qu’elles venaient d’une boucherie de Québec, et non de chez Walmart, ils nous auraient pris pour des tarés.

Si vous me demandez pourquoi j’aime le football, j’aurais de la misère à vous répondre. Des gros garçons qui se cognent dessus, avec tous les dangers que cela comporte ? Non.

Je dirais que malgré les apparences, il y a un aspect tactique qui me fascine.

Si un seul joueur n’effectue pas le travail planifié sur chaque jeu, tout peut foirer. J’y vois une chorégraphie d’habilités physiques et stratégiques, les tutus en moins…

Bon, finalement, j’ai au moins une calotte des Jets, qui m’a été offerte par quelqu’un qui faisait sans doute dans l’art divinatoire à l’époque.

Je suis allé écornifler sur le site de la boutique virtuelle des Jets, pour voir ce qu’il en était. Logo et bidules ne m’ont pas fait d’effets particuliers.

Mais ça, c’est jusqu’à ce qu’Aaron endosse l’uniforme…

Là, il y a un risque que d’autres bulles me remontent au cerveau !

Entre nous

Un autre livre pour maniaques. Du super journaliste politique et auteur Mark Leibovich, œuvrant maintenant à The Atlantic, qui n’a pu se retenir d’en écrire un sur son autre passion : le football. Big Game, The NFL in Dangerous Times.

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Big Game, The NFL in Dangerous Times