La saison du Canadien est finie depuis un bon moment déjà. À mes yeux, c'est le 13 février, lors du retour au Centre Bell de Kirk Muller à titre d'entraîneur-chef des Hurricanes de la Caroline, que la saison du Tricolore a pris fin. Que ses chances d'accéder aux séries se sont évanouies.

Mais ce soir, cette saison de misère, la pire de l'histoire sur le plan du classement et l'une des pires à plusieurs autres points de vue, comme le démontre mon collègue Marc Antoine Godin ce matin, sera finie pour vrai. Enfin!

Selon le résultat du duel Canadien-Leafs, ce soir au Centre Bell, et les résultats des autres matchs ailleurs dans la LNH, le Canadien ratera les séries par une quinzaine de points.

Répartis sur une saison de 82 matchs, 15 points, ce n'est pas grand-chose. Ça semble même facile à combler. Mais comme on l'a vu dans la dernière ligne droite, 15 points créent aussi un gouffre immense dont il est impossible de se sortir. Ou presque.

Comment le Canadien s'y est-il pris pour plonger dans ce gouffre?

Les blessures n'ont pas aidé. C'est évident. L'attaque massive anémique non plus.

Mais comme on l'a souligné au point de ne plus savoir quels mots utiliser pour éviter de se répéter, le Canadien a surtout gaspillé des points effrontément. Et il en a gaspillé beaucoup. Beaucoup trop pour mériter autre chose que la fin de saison moribonde qu'il a connue.

Nouveau record de médiocrité

Par où commencer?

Par les points perdus en tirs de barrage.

Jeudi, en Caroline, le Canadien a non seulement offert aux Hurricanes leur première victoire de la saison en tirs de barrage, mais il a aussi établi un nouveau record de la LNH avec son 12e revers en fusillade. Le précédent record était de 11. Les Capitals de Washington le détenaient depuis la saison 2006-2007, une saison de 11 revers (une victoire) en tirs de barrage.

Le Canadien n'a ajouté que 5 points sur les 17 possibles en tirs de barrage cette année. C'est affreux.

Autre statistique désolante: la fiche du Tricolore lorsqu'il marque le premier but.

Quarante fois cette saison, le Canadien a inscrit le premier but. Ça le place dans le milieu du peloton. Mais avec sa fiche affreuse de 19-11-10 lorsqu'il marque ce premier but, le Canadien est la seule équipe de la LNH au grand complet à jouer sous la barre de ,500 cette année.

Les Canucks de Vancouver, qui ont marqué les premiers 55 fois cette année, ont 41 victoires à leur crédit. Que dire des Bruins de Boston? Bien qu'ils aient marqué les premiers cinq fois de moins que le Canadien, les Bruins affichent 35 victoires.

Avances perdues

Avec tous ces premiers buts gaspillés, vous ne serez pas surpris de savoir que seuls les Hurricanes de la Caroline affichent plus de revers (14) que le Canadien (12) lorsqu'ils rentrent au vestiaire avec une avance après une période. Après deux périodes, le Canadien partage le dernier rang de la LNH avec neuf revers (trois en temps réglementaire et six en fusillade) avec les Islanders, les Hurricanes et les Panthers de la Floride.

Inversement, le Canadien (1-26-5) et les Kings de Los Angeles (1-22-3) sont les deux seuls clubs de la LNH à s'être contentés d'une victoire au terme d'une remontée en troisième période. Un gain de 4-3 grâce à un but en tirs de barrage de Brian Gionta, le 23 novembre dernier.

Joueurs de soutien

On pourrait passer des heures à analyser ces statistiques pour mieux les comprendre afin de trouver les pistes de solutions pour les renverser le plus vite possible. Je l'ai d'ailleurs fait hier avec Michel Lebel, statisticien à RDS, avec qui j'ai colligé tous les petits chiffres que je vous propose aujourd'hui.

Des conclusions: une défense jeune et inexpérimentée, un manque de punch à l'attaque une fois le premier trio revenu au banc, mais aussi un manque de profondeur évident au sein des joueurs de soutien.

Pour des raisons difficiles à comprendre, Pierre Gauthier a décidé de ne pas renouveler les contrats de Jeff Halpern et de Tom Pyatt l'an dernier.

Deux joueurs bien ordinaires, vous direz. C'est vrai. Mais des joueurs responsables, capables d'au moins protéger une avance, s'ils ne sont en mesure de l'accentuer avec des buts.

Cela dit: Jeff Halpern - 4 buts et 12 passes en 73 rencontres à Washington - et Tom Pyatt - 12 buts et 7 passes en 73 rencontres à Tampa Bay - affichent un total de 35 points. C'est un point de plus que la récolte de huit joueurs de soutien que le Canadien a utilisés à leur place cette saison. Louis Leblanc (10 points), Petteri Nokelainen (7), Blake Geoffrion et Aaron Palushaj (5 chacun), Mike Blunden (4), Ryan White (3), Brad Staubitz et Andreas Engqvist (0 tous les deux) totalisent 34 points en 299 rencontres. Tandis que Pyatt et Halpern ont récolté leurs 35 points en 142 matchs.

Comme quoi, le prochain directeur général du Canadien est mieux d'arriver à Montréal en forme et avec de bien bonnes idées. Car il aura bien plus qu'un ou deux problèmes à régler.