Hollywood en a soupé de tout ce carnaval d'actrices remontées, injectées et remodelées par des plasticiens de Rodeo Drive eux-mêmes botoxés au trognon. «Toutes les comédiennes ressemblent à des danseuses nues ou à des drag queens», a déploré la directrice de casting des séries de fiction du réseau Fox dans les pages du New York Times la semaine dernière.

Chers amis, c'est la crise du plastique dans l'industrie du cinéma et de la télévision aux États-Unis. Découragées par l'abus de chirurgie esthétique qui charcute les stars et starlettes et qui les transforment en Barbie Frankenstein, les agences de casting américaines se tournent désormais vers l'Australie ou la Grande-Bretagne pour dénicher des comédiennes au look plus naturel et à la peau moins tendue. Oui, il y a pénurie de talent brut à Los Angeles. D'un point de vue strictement physique, évidemment.

Avec la popularité fulgurante du HD, les vedettes passent encore plus souvent au bistouri ou à la seringue afin de corriger des imperfections que magnifient 50 fois ces nouvelles caméras impitoyables. Nos personnalités québécoises n'y échappent pas. Même si à peu près personne du showbiz n'en discute ouvertement, les résultats - plus ou moins réussis - de ces opérations clignotent quotidiennement dans nos petits et grands écrans.

La question qui tue, ici: la vague chirurgicale californienne frappe-t-elle avec autant de puissance nos acteurs et actrices, qui se servent de leurs corps comme outil de travail? Excluons de notre enquête les animateurs et animatrices de télévision. Leur cas nécessitera une autre chronique.

Alors, la réponse? «Je n'ai pas encore rencontré de tels cas ici. Je pense que les gens qui ont recours à la chirurgie y vont avec parcimonie. Ce n'est pas la panique encore», remarque la directrice de casting Lucie Robitaille, qui dirige l'agence du même nom.

C'est un constat quasi unanime dans l'univers québécois du casting. «On sait qu'il se fait des retouches esthétiques et des trucs qui ne paraissent pas trop. Mais pas de grosses lèvres ou de lifting apparent», explique Rachel Fontaine, qui a distribué les rôles pour des séries comme Les Lavigueur, Le négociateur, Belle-Baie et François en série.

En 30 ans de carrière en casting, Murielle LaFerrière (Les boys, 3 x rien, Urgence et Scoop) n'a vu que deux ou trois cas où des chirurgies esthétiques ont complètement transformé des comédiennes. «Ces actrices ont ensuite été confinées à des rôles qui nécessitaient un physique comme ça», se souvient-elle.

Si la discrétion prévaut chez les stars plus âgées, le phénomène inverse s'infiltre chez les jeunes actrices québécoises qui subissent, comme leurs consoeurs hollywoodiennes, d'importantes augmentations mammaires. Du genre ballon soufflé à l'hélium.

«Il n'y a en pas des tonnes. Par exemple, je ne pourrais pas vous en nommer trois, mais on les remarque. La chirurgie leur donne une image de filles refaites à grosses boules. Ces comédiennes-là vont être difficilement choisies pour des rôles de jeune première ou d'ingénue. Ça leur nuit, je crois», explique la directrice de casting Nathalie Boutrie, qui a donné les rôles dans une kyrielle de productions dont C.A., Minuit le soir, Trauma, Polytechnique, Tout est parfait et Les Parent.

Évidemment, ces professionnelles de l'image perçoivent la moindre retouche aux paupières ou le Botox qui efface les crevasses faciales. «Ça reste quand même au niveau du potin. Ce n'est pas le genre de trucs dont les actrices parlent dans les magazines québécois», soulève Nathalie Boutrie.

«C'est tenu assez secret, enchaîne Murielle LaFerrière. C'est certain qu'une femme qui n'a aucune ride et aucun pli après 45 ans, c'est pratiquement impossible. Parfois, on se rend compte que la morphologie du corps a changé. Mais cela n'a rien à voir avec les implants volumineux que l'on voit aux États-Unis. Et on reste quand même très loin du masque qui ne bouge plus.»

À Hollywood, pour une Meryl Streep ou une Helen Mirren qui dégotent des rôles sans subir de transformation extrême, combien de Meg Ryan ou de Melanie Griffith sacrifient leurs corps, leurs lèvres ou leurs yeux sur l'autel chirurgical?

«Nicole Kidman, ça commence à devenir une blague. Son visage change dans chacun de ses films. Chez nous, les Nathalie Coupal et les Nathalie Gascon restent magnifiques naturellement», note Nathalie Boutrie.

De son côté, la directrice de casting Rachel Fontaine affirme ne jamais avoir «entendu un réalisateur ou un producteur québécois se plaindre que les femmes n'étaient pas assez belles. Le naturel nous satisfait», glisse-t-elle.

Ces actrices vivent une situation extrêmement cruelle. Jamais on ne leur reprochera directement leurs rides. On engagera plutôt une fille plus jeune pour le rôle convoité. D'où cette pression sournoise de subir un lissage ici ou un remplissage là.

Les comédiens ressentent beaucoup moins ce besoin de perfection esthétique. «Ils ne se préoccupent pas de leurs rides Leur bête noire à eux, c'est le poids. Quand on cherche un homme de 45 ou 50 ans, en forme physiquement, on entend souvent la remarque qu'un tel a pris de la bedaine» détaille Rachel Fontaine.

«Il y a aussi la calvitie. Ça peut les rendre un peu malheureux», conclut Murielle LaFerrière.

Je lévite

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Je l'évite

L'abus de faux fini à Canal Vie. Message à Saskia Thuot et Manon Leblanc: non, du mauvais craquelé ou de la tapisserie en fausses briques, ça ne ressemble jamais à l'original. On la voit, la différence. Et ça paraît trop, bon.

Pour joindre notre chroniqueur: hdumas@lapresse.ca