Moi, j'ai ri vendredi quand M. Charest a dit: à ceux qui frappent à la porte ce matin, on pourrait leur offrir un emploi... dans le Nord autant que possible. Moi, j'ai trouvé ça drôle. Pardon, Patrick (Lagacé), mais tu commences ton billet de samedi en disant «De n'importe qui d'autre...», je pense exactement le contraire: de n'importe qui d'autre, c'eût été moins drôle.

C'était drôle parce qu'il est premier ministre. Parce que l'impertinence. Parce que la transgression. Le rire est beaucoup affaire de transgression (sauf dans les shows d'humour).

Il y a des rires de droite et de gauche comme il y a des idées de droite et de gauche, la différence avec les rires, peu importe qu'ils soient de droite ou de gauche: tu ris. C'est toujours ça de pris. Même si tu grimaces en même temps, même si tu dis: ah, le petit crisse! Tu ris.

On peut très bien s'indigner du manque de sérieux de M. Charest dans ses négociations avec les étudiants et l'applaudir quand il déconne superbement comme il l'a fait au Palais des congrès vendredi.

Ce que moi, je n'ai pas trouvé drôle, c'est la hâte et l'application avec lesquelles Mme Marois et Legault se sont dépêchés de faire de ce rire un dérapage. Surtout M. Legault, grandiloquent: aujourd'hui le Québec n'avait pas de premier ministre. Arrête, Chose.

Et ce qui me déçoit mais sans me surprendre, c'est que les étudiants n'ont pas ri. On les aime, ces jours-ci, on les trouve bien fins, bien vivants, bien intelligents, on est bien contents de se dire qu'ils sont la société de demain, mais finalement, faut pas non plus trop leur en demander, ce sont aussi les petits mononcles de demain.

Quel temps de cul, non?

J'ai passé le week-end à lire un polar, à regarder cinq matches de hockey à la télé, une course de bicycle à la télé aussi, et à regarder un film sur mon ordi: Monsieur Lazhar, que j'ai bien aimé, mais pas autant que vous. J'ai trouvé que les enfants qui jouaient là-dedans étaient incroyables, je les ai adorés comme comédiens, comme enfants un peu moins, un bon petit film quand même, surtout quand il pleut, et non seulement il pleuvait, mais il neigeait un petit peu. Je me suis glissé dans cette histoire douillette comme sous une doudoune en duvette, me demande même si j'ai pas dormi un petit peu.

Pour le hockey, ça s'est très bien passé aussi. Les Penguins et Vancouver se sont fait planter, yesss! Les Penguins ont perdu par la faute de leur gardien Marc-André Fleury, et justement parce qu'il ne s'appelle pas Bryzgalov, il faut voir se tortiller les commentateurs de RDS pour éviter de l'accabler. Y connaissent sa mère ou quoi? Ne leur en déplaise, cette série-là a été une série de gardiens pourris, le moins pourri a gagné.

Les Flyers me sont sympathiques, mais il faudra que je me tienne loin de RDS et de l'overdose de Claude Giroux et de Daniel Brière qui va forcément nous tomber dessus. Pour les autres séries, il ne me déplairait pas que Washington fasse payer à Tim Thomas son affront à Obama. Ottawa ou New York? M'en crisse.

Pour le bicyk, on pouvait difficilement espérer mieux pour le commenter à RDS que le duo Louis Bertrand et Dominique Perras. Le problème, c'est que lorsqu'ils entrent en ondes à midi pour me décrire les 100 derniers kilomètres de Liège-Bastogne-Liège, je sais depuis 20 minutes que c'est le Kazakh Inglisky qui a gagné. En passant, ça fait deux classiques ardennaises que remportent les coureurs de l'équipe kazakh Astana, habituellement beaucoup plus discrets.

Excuse-moi, Louis, t'ai-je vraiment entendu dire qu'Astana était le nom d'un conglomérat de multinationales pharmaceutiques? C'est complètement faux. Astana est le nouveau nom de la capitale du Kazakhstan qui s'est appelée successivement Akmolinsk, puis Tselinograd, puis Akmola et enfin Astana qui signifie en langue kazakhe: là où passe le chemin. Remarque, c'est déjà mieux qu'à Laval où il ne se passe rien.

Qu'est-ce qu'on disait?

Vous ai-je déjà dit que j'étais vieux? Je l'ai rarement été autant que vendredi soir dernier. Je suis allé voir un show de rock avec une de mes petites-filles à l'église Saint-Jean-Baptiste rue Rachel, la moyenne d'âge devait être 12 ans et demi - j'exagère -, j'avais essayé de me défiler: tu veux pas y aller avec une copine? Non, non, viens avec moi, grand-papa.

En première partie, Low, un trio du Wisconsin, guitare, basse et une grosse dame à la batterie, des mormons paraît-il, j'aurais probablement hurlé si j'avais compris quelque chose aux paroles, mais leur musique était écoeurante, je vais de ce pas acheter leur dernier CD. J'ai plus aimé cette première partie que la suite, Death Cab For Cutie, que j'ai trouvé un peu surfait, et cultivant ostensiblement le champ gauche.

On était allés manger à L'Express avant le show où je n'étais pas retourné depuis des années, un autre genre de petite musique, nostalgique celle-là. Tout y est exactement comme il y a 30 ans, le décor, la carte, le service, la saveur des plats, même monsieur Masson - ce fut un plaisir de vous saluer, monsieur Masson -, même l'île flottante qui flotte sur le même lac de crème anglaise et sous la même coupole de caramel craquant qu'il y a 30 ans.

Je peux y goûter, grand-papa?

Non. C'est pas bon. Tu vas être malade.