Je suis enseignante à l'Académie Saint-Clément à Ville Mont-Royal.  Notre milieu a, depuis 15 ans, une classe d'anglais intensif en 6e année. Cette année, j'enseigne la partie académique de ce programme, par choix et parce que j'y crois.



Notre directrice nous a informés du projet de votre ministère d'implanter l'anglais intensif dans toutes les classes de 6e de la province d'ici 2015. Je suis surtout sidérée que les élèves bilingues soient absents du débat et que le gouvernement ignore à ce point la réalité montréalaise.  Ces enfants seront privés de leur enrichissement en français, histoire, mathématique ou science, au profit de l'apprentissage de la conversation anglaise dont ils n'ont pas besoin? On ne parle même pas d'offrir à certains groupes un niveau d'anglais plus avancé.  Dans plusieurs quartiers montréalais, où  abondent anglophones et francophones bilingues, ce programme n'a aucune utilité pour une grande partie de la clientèle. Qu'aurez-vous à offrir pour ces élèves?

Personne ne devrait remettre en question l'importance du bilinguisme au Québec et je suis d'accord que ces classes soient offertes à ceux qui le désirent. Par ailleurs, rendre ce programme obligatoire, c'est encore une fois niveler par le bas, bafouer le droit des écoles de répondre aux besoins de leur clientèle ainsi que celui des parents de choisir ce qui est mieux pour leur enfant. N'est-ce pas là la clé du succès d'un système scolaire? Pourquoi retirer des options aux parents et aux écoles?  En d'autres mots, je suis contre le caractère obligatoire du programme que vous proposez.

Tous espèrent de tout coeur que le gouvernement ne précipitera pas notre système scolaire dans de grands changements sans en avoir étudié tous les aspects.  Très frais en notre mémoire est ce renouveau pédagogique plein de failles, contrecoups et constats de cul-de-sac, qui nous a été imposé au début des années 2000.

En tant qu'enseignante, parent et membre de la société québécoise,  je crois fermement que devrait demeurer l'option de suivre un parcours habituel en 6e année.