Manifestement, Olivier Niquet n’est pas la seule « tête blanche » à aimer découvrir de nouveaux artistes. Voici un aperçu des commentaires suscités par sa Carte blanche du 23 juillet, publiée dans la section Contexte⁠1.

Mélange de générations

Monsieur Niquet, votre texte m’a rejointe. Moi aussi, j’aime découvrir de jeunes artistes, et plus encore, j’aime me trémousser sans gêne – contrairement à vous – lorsque je trouve la musique enivrante, même si j’ai des regrets parfois le lendemain. J’avoue porter un jugement lorsque j’entends mes voisins sortir leurs vieilles tounes des Rolling Stones chaque fois qu’ils célèbrent. Je m’interroge cependant sur la tendance qui se dégage de votre texte, qui pousserait l’être humain à restreindre son réseau social à ceux qui appartiennent à sa propre génération. L’idée de me retrouver dans mes vieux jours à ne côtoyer que mes congénères âgés, à pourrir à leur côté sous prétexte que j’ai le même âge qu’eux et que je n’ai plus d’affaire à aller voir des concerts « trippants » à cause de « mes cheveux gris, ou teints », m’horripile. Je continuerai donc, tant que je vivrai, à découvrir de nouvelles musiques et à me réjouir de voir des têtes blanches entremêlées avec une masse de représentants des nouvelles générations.

Monique Giguère

Enclos à personnes âgées

J’aime le Club Soda parce qu’on peut gentiment s’asseoir au balcon au lieu d’être debout au parterre pendant deux heures. Lors du concert d’un jeune band (Ghostly Kisses) pendant le FIJM, les deux accès à cesdits balcons étaient fermés. Malheur ! Un gentil monsieur de la sécurité, sentant mon désarroi, m’a proposé de m’installer à l’arrière du parterre avec une chaise. Ironie, c’était un espace complètement fermé par des barrières (comme à l’aéroport)… ! Et le monsieur de la sécurité de préciser, sans sarcasme aucun : « On aime que les personnes âgées puissent s’asseoir. » Méchante débarque, moi qui voulais être jeune, le temps du concert… Bientôt, six de mes semblables sont venus me rejoindre dans l’enclos pour personnes âgées. Mieux vaut en rire !

Nicole Dupré, Montréal

Public sans âge

Salut Olivier, vraiment intéressante ta réflexion ! Moi-même qui ai quelques années de plus que toi, je suis déjà tombée dans le piège de ne pas m’apercevoir que je vieillissais et que j’étais de plus en plus unique à certains concerts avec mes cheveux « couleur naturelle ». Et j’en ai raconté moi aussi des anecdotes référentielles à une époque périmée à de jeunes regards interrogatifs. Aujourd’hui j’en ris, mon appétit musical est intact, j’assume totalement l’âge et les goûts que j’ai, peu importe s’il y a parfois décalage de génération. Mais sais-tu quoi ? Je m’aperçois aussi que depuis l’enfance j’écoute des musiques intemporelles, des classiques. J’en fais même mon métier, ce qui est pour moi extraordinaire. Le public qui assiste aux concerts classiques et qui écoute mon émission TUM (ICI Musique) n’a pas d’âge. Merveilleux !

Marie-Christine Trottier

Dinosaures

Il est bon de lire des textes comme celui-là. J’ai plus de 60 ans et il s’applique à merveille à ma génération. Vivre dans le passé est réconfortant, mais dénigrer le présent et ses nouvelles tendances nous transforme en dinosaure sénile et inutile.

Jean-Claude Rouleau, Saint-Lazare

Tant pis pour les qu’en-dira-t-on

On part pour Boston la semaine prochaine pour voir Rüfüs Du Sol avec nos jeunes (de 20 et 22 ans) et on se disait justement, mon conjoint et moi, qu’on allait être le mononcle et la matante de la place. C’est qu’on fait beaucoup de sport de plein air et on recherche constamment de la nouvelle musique pour bouger et ce groupe est vraiment exceptionnel pour nous. Tant pis pour les qu’en-dira-t-on ! On va danser et passer une excellente soirée en famille.

Caroline Pelletier, Bromont

Des modèles

J’ai 73 ans, je suis une grand-mère qui vient de terminer le Festif ! de Baie-Saint-Paul avec mes cheveux gris et mon amour de la musique. À la fin du concert des Trois accords, j’ai dit à une jeune fille d’environ 25 ans qu’il y avait peu de têtes grises et elle m’a répondu : madame, je viens juste de dire à mon ami que j’espère que moi aussi, je viendrai encore dans ces concerts à son âge (en parlant de moi). Oui, il faut continuer de participer aux activités qu’on aime... on devient même des modèles. On dit qu’il faut que jeunesse se passe, mais moi je dis qu’il faut que vieillesse se vive.

Rita Tremblay

Plaisir et connaissances

Je suis une septuagénaire et je fréquente depuis toujours divers festivals musicaux offerts dans notre belle province et je suis toujours attirée par les jeunes découvertes. Je détonne souvent parmi les jeunes, mais j’y trouve mon compte tout comme vous. Le plus important : j’ai du plaisir et j’enrichis mes connaissances musicales.

Gisèle Gagnon 

Premiers frissons, nouveaux plaisirs

J’ai été disquaire pendant une quarantaine d’années. La musique, c’est ma vie. J’écoute de tout (rock, blues, jazz, musique du monde, reggae, etc.). Ma curiosité est toujours aussi vive à 70 ans qu’elle l’était à 15 ans. C’est certain que j’aime encore les groupes de mes 18 ans. Ceux qui m’ont donné mes premiers frissons musicaux. Mais le monde de la musique est toujours en mouvement, comme la vie. Dernièrement, j’ai découvert deux groupes de rock indie qui me remplissent de plaisir : American Football, un groupe qui nous délivre une musique planante bien à mon goût. Surtout pour le premier album du même nom en 1999. L’autre est un groupe français qui chante en anglais. La chanteuse a une voix acidulée, mais qui a son charme. Basse, guitares et parfois quelques cuivres nous projettent vers l’avant sur des rythmes bien huilés. Voilà certains de mes coups de cœur de cet été. Vive la musique.

Gilles Boisclair

L’enfance de la maturité

Je trouve que vous n’êtes pas tout à fait qualifié pour vous trouver vieux : 44 ans, c’est l’âge où on peut encore se demander ce qu’on pourrait faire de bon de sa vie. Vous êtes encore dans l’enfance de la maturité. Watatatow, ça fait partie des réminiscences de mes enfants. Les vrais vieux parlent de Pépinot et Capucine. D’Elvis Presley. De Rita Hayworth. Et de James Dean. Ils ont ri avec Les Jérolas.

Bon, c’est vrai qu’à 44 ans, on peut déjà se sentir dépassé au milieu d’un groupe d’ados. Mais faudra vous habituer, cela ne fait que commencer. Plus ça va aller, plus vous allez sentir cette impression de « passé date ». Profitez donc de votre jeunesse poivre et sel, allez voir tous les concerts comme ça vous chante et dites-vous que bien des vrais vieux aimeraient en faire autant, mais en fauteuil roulant, ça détonnerait vraiment trop !

Pierre Dupuis

1. Lisez la Carte blanche d’Olivier Niquet