Peu de Québécois s'intéressent à ce qui se passe dans les autres régions du pays. Plusieurs ont accepté la thèse de Gilles Duceppe selon laquelle le Québec et le reste du Canada sont des entités foncièrement différentes. Le Canada anglais est alors perçu comme un tout homogène, sur le plan des intérêts comme des valeurs.

La réalité est beaucoup plus complexe. Elle est aussi mouvante, comme l'ont constaté les universitaires et fonctionnaires participant en fin de semaine, à Montréal, à une conférence organisée par l'Institut des relations intergouvernementales (Queen's University), en collaboration avec L'Idée fédérale, entre autres groupes de réflexion.

Des présentations entendues pendant la conférence, il ressort que plusieurs changements en voie de s'opérer pourraient faire du Canada un pays assez différent de la fédération actuelle.

Ainsi, le déplacement du pouvoir économique et politique vers l'Ouest se confirme. L'extraordinaire prospérité que connaît cette région ne se limite pas à l'Alberta; la Colombie-Britannique, la Saskatchewan et le Manitoba en profitent aussi. Armés d'une grande confiance, les gens de l'Ouest ne songent plus à élever «un mur coupe-feu» entre eux et le Canada de l'Est et veulent au contraire jouer un rôle de leadership au plan national. De là viendront «les nouveaux nationalistes canadiens», croit Roger Gibbins, président de la Canada West Foundation.

La signification de la «vague orange» survenue au Québec le 2 mai dernier a fait l'objet de nombreux échanges. Les chercheurs québécois présents ont mis leurs collègues en garde contre toute conclusion hâtive sur l'avenir du mouvement souverainiste.

On s'est aussi demandé si, à la suite des résultats catastrophiques obtenus par le Parti libéral du Canada, on allait assister à «la mort du Canada libéral». Certains croient que le NPD remplacera tout simplement le PLC au centre gauche du spectre politique. D'autres pensent plutôt que le déclin du Parti libéral ouvre la voie à une plus grande polarisation de la vie politique canadienne.

S'adressant aux participants, Jim Prentice, ancien ministre du gouvernement Harper, a fait remarquer combien le Canada est un pays privilégié, en particulier grâce à l'abondance de ces ressources énergétiques. «Aucun autre pays ne jouit de telles possibilités, selon M. Prentice. Si nous agissons intelligemment, nous pouvons construire notre pays et créer des emplois tout en maintenant l'un des plus faibles taux d'endettement dans le monde.»

Ce que certains appellent «le nouveau Canada» dispose d'atouts extraordinaires pour assurer sa prospérité et faire sa marque dans le monde. Les Québécois ont tout à gagner à prendre part à cette évolution, notamment en reprenant leur place dans les institutions du pays.