Des milliers d'étudiants ont déclenché une «grève» pour protester contre la hausse des droits de scolarité universitaires annoncée par le gouvernement Charest. «Grève» entre guillemets puisque les seuls qui sont privés de quoi que ce soit, ce sont les étudiants eux-mêmes.

Les leaders étudiants savent que quoi qu'il arrive, le gouvernement n'annulera pas la session; une telle mesure provoquerait l'automne prochain un embouteillage ingérable. Les universités vont se contenter d'allonger un peu cette session-ci pour récupérer tant bien que mal les journées perdues. Bien que personne n'osera le dire, la qualité de la formation reçue en souffrira inévitablement.

Cela est d'autant plus triste que ce mouvement est sans fondement. Oui, la hausse annoncée est substantielle (325$ par année pendant cinq ans). En 2016-2017, les étudiants paieront 3793$ par année, 1625$ de plus que cette année. Toutefois, après l'application des crédits d'impôt fédéral et provincial sur les droits de scolarité, l'augmentation nette sera de 1150$ sur cinq ans, soit seulement 230$ par an.

Dans cinq ans, les droits de scolarité rejoindront le niveau qu'ils auraient atteint s'ils avaient été indexés au coût de la vie depuis 1968 plutôt que gelés pendant une trentaine d'années. Les études universitaires au Québec resteront parmi les moins chères au Canada.

Pour amortir le choc de la hausse des droits de scolarité, Québec a amélioré sensiblement son régime d'aide financière. Par exemple, les étudiants admissibles aux bourses - les plus démunis - verront celles-ci croître pour couvrir la totalité de l'augmentation des droits. Les étudiants qui sont seulement admissibles à un prêt termineront leurs études avec une dette d'études plus élevée (13 695$ pour un cours universitaire de trois ans). Il s'agit toutefois d'une petite proportion du corps étudiant (13%). De plus, il faut mettre cette dette en perspective. Toutes les analyses faites à ce sujet démontrent qu'une fois sur le marché du travail, les diplômés universitaires jouissent de salaires beaucoup plus élevés que les autres travailleurs. C'est pourquoi, contrairement à ce que prétendent les associations étudiantes, les augmentations des droits ne freinent pas l'accessibilité; malgré ces hausses, les études universitaires demeurent très rentables.

Par ailleurs, la politique de droits de scolarité relativement bas n'a pas permis au Québec de combler l'écart qui le sépare de l'Ontario en ce qui a trait à la proportion de la population ayant obtenu un diplôme universitaire. Elle est donc à la fois coûteuse et inefficace.

Malheureusement pour les étudiants qui se lancent avec idéalisme et enthousiasme dans ce mouvement de grève, leur cause n'est pas bonne. Et, à moins de faire preuve d'une incroyable faiblesse, le gouvernement ne reculera pas.