Dans la foulée des manifestations de la semaine dernière, des voix se sont élevées demandant au gouvernement d'entreprendre des négociations avec les associations étudiantes. La députée péquiste Marie Malavoy a prié la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, de rencontrer les représentants des étudiants pour «dénouer la crise».

La crise? Quelle crise? Ce n'est pas parce que l'hélicoptère de TVA suit les moindres gestes des jeunes manifestants que le Québec est à feu et à sang! À part quelques perturbations à la circulation - bien moins graves que celles causées par les chantiers! - le mouvement étudiant n'a pas d'impact. L'économie n'en souffre pas, personne n'est privé de services sauf les étudiants eux-mêmes.

Le responsable de la sécurité publique à la Ville de Montréal, Claude Trudel, a pressé le gouvernement de s'entendre avec les étudiants. Selon M. Trudel, «Montréal ne peut pas continuer à être le théâtre quotidien d'affrontements comme on en a vu mercredi. Ça remet en cause le sentiment de sécurité de la population». Cinq cents étudiants qui manifestent et la population montréalaise se sent menacée? Allons donc! S'il fallait que le gouvernement cède à un tel mouvement, ce serait profondément injuste pour les groupes qui, eux, n'ont pas le temps ou les moyens de descendre chaque jour dans la rue, et dont la «cause» est certainement aussi valable.

On veut que le gouvernement négocie. Négocier quoi? Rappelons qu'il y a deux ans, les associations étudiantes ont claqué la porte d'une rencontre sur le financement des universités parce que le gouvernement osait remettre en question le gel des droits de scolarité. Certains suggèrent que la hausse «brutale» de 1625$ sur cinq ans soit étalée sur une plus longue période. Mauvaise idée. D'abord parce que la hausse n'est pas aussi brusque qu'on le dit. Trois-cent-vingt-cinq dollars par an, c'est 6,25$ par semaine. Les jeunes, dont 81% possèdent un téléphone cellulaire (47% un téléphone intelligent) peuvent se le permettre, d'autant que l'amélioration du programme de prêts et bourses amortira sensiblement la hausse. Ensuite, échelonner l'augmentation, c'est prendre le risque qu'elle ne sera que partiellement mise en vigueur. Si le Parti québécois prend le pouvoir, les droits de scolarité seront à nouveau gelés. Une belle occasion aura été manquée.

Le gouvernement Charest n'a aucune raison de reculer. L'augmentation est nécessaire et raisonnable. Elle ne nuira pas à l'accès aux études universitaires.

Le mouvement étudiant connaîtra encore deux ou trois semaines d'effervescence. Puis, à mesure que le printemps pointera à l'horizon, les étudiants songeront à la fin de la session et aux emplois d'été. Alors, le mouvement va s'essouffler. Et la «crise» prendra fin d'elle-même.