L'administration Harper, dont on connaît l'obsession sécuritaire, a encore des croûtes à manger. Des failles dans la surveillance des médicaments et l'attribution des visas pourraient faire courir des risques importants à la population, indique le dernier rapport du Vérificateur général du Canada.

Santé Canada se traîne les pieds dans l'évaluation des médicaments. Son objectif est de réaliser 90% des examens dans les délais prévus. Elle y réussit dans seulement une catégorie sur huit, montre le rapport publié hier. Dans les autres, les retards sont parfois ahurissants.

L'an dernier, seulement 12% des examens des nouveaux médicaments génériques ont été faits dans les 180 jours prévus. Les autres ont pris, en moyenne, presque deux fois plus de temps. Les changements au procédé de fabrication ou à la composition de médicaments déjà approuvés, qui sont susceptibles d'avoir un effet sur leur emploi, ont été examinés hors délai dans plus de 85% des cas. Avec plus de huit mois de retard en moyenne.

Cette lenteur a des effets directs sur les patients. Une nouvelle molécule coincée dans la machine ne soigne personne, un générique retardé force les malades à payer plus cher.

Santé Canada tarde aussi à signaler les médicaments à problème. Plus de la moitié de ses recommandations ont dépassé les délais prévus de plusieurs mois - avec plus d'un an de retard dans certains cas. Le ministère a demandé aux génériques de mentionner les risques d'anomalies congénitales d'un produit presque un an après que le fabricant d'origine l'ait inscrit sur son étiquette. Une négligence qui aurait pu avoir des conséquences dramatiques.

Santé Canada a accepté toutes les recommandations du Vérificateur, mais ça ne garantit rien. On n'a qu'à voir le chapitre sur les visas de résidents temporaires et permanents. Certains des correctifs acceptés il y 10 ans n'ont toujours pas été apportés!

Le plus inquiétant, c'est que l'Agence des services frontaliers et Citoyenneté et Immigration n'ont pas d'outils pour évaluer leur efficacité. Dans quelle mesure réussissent-ils à intercepter les indésirables - ceux qui présentent un risque pour la sécurité ou la santé des Canadiens? Ils sont incapables de le dire.

On sait par contre que les mailles du filet ont besoin d'être resserrées. La circulation de l'information laisse à désirer et plusieurs procédures auraient besoin d'un coup de plumeau. Un des guides sur le filtrage de sécurité date de 1999, et la liste des maladies considérées comme un danger pour la santé publique a 50 ans. Elle ne comporte que deux entrées, la tuberculose et la syphilis, alors que 56 maladies font l'objet d'une surveillance au Canada. Les médecins manquent de directives claires pour déterminer si ces problèmes ou d'autres devraient entraîner un interdit de territoire.

Message au gouvernement Harper: la sécurité n'est pas qu'affaire de tribunaux et de prisons. Les médicaments et les frontières comptent aussi beaucoup pour les Canadiens.

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