Encombrement des urgences, des lits d'hôpitaux et des centres de réadaptation, épuisement des proches... Le sous-financement des services de soutien à domicile coûte cher, démontre la Protectrice du citoyen. Québec aurait intérêt à en parler un peu moins et à en faire un peu plus.

Entre rester chez eux et vivre en institution, la grande majorité des Québécois préfèrent la première solution. Ça tombe bien, c'est la moins coûteuse pour le système de santé. L'État, cependant, doit remplir sa part du contrat. Or, on est loin du compte. Québec économise sur le dos des citoyens, montre le rapport publié vendredi par la protectrice du citoyen, Raymonde Saint-Germain.

Son bureau a reçu 142 plaintes durant les neuf premiers mois de 2011-2012, soit 60% de plus que durant toute l'année 2009-2010. La proportion de plaintes qui se sont révélées fondées a aussi beaucoup augmenté.

Le Protecteur a donc fait enquête sur le soutien à domicile à long terme, comme l'aide à l'hygiène, à l'alimentation ou aux tâches ménagères. Le système de santé comprend-il l'importance de ces interventions non médicales? On se le demande. Services inégaux d'une région à l'autre, très inférieurs aux besoins diagnostiqués ou supprimés arbitrairement. Patients en attente depuis des années, ou refusés sous toutes sortes de prétextes... Les injustices abondent.

Elles ne sont pas le fruit du hasard, mais le résultat des directives officielles des centres de santé et de services sociaux, conçues pour l'atteinte du déficit zéro. Ce qui n'empêche pas les politiciens et les gestionnaires de la santé de nous vanter les mérites du maintien à domicile, présenté comme le remède à tous les maux du système.

Le dernier budget Bachand en a rajouté une couche, annonçant des millions supplémentaires pour les services à domicile. Encore faut-il que le chéquier suive les communiqués. Ce qui, pour l'instant, n'est pas toujours le cas. Les annonces faites dans la dernière année sont inférieures aux 150 millions promis par Jean Charest pour accroître les soins à domicile et créer des places en hébergement, a constaté récemment notre collègue Tommy Chouinard. De plus, les sommes annoncées n'ont pas été versées en entier aux agences régionales.

Coupant court au brouhaha, le Protecteur du citoyen a demandé à la Santé de calculer combien d'argent serait nécessaire pour répondre aux besoins, de planifier ces sommes et de l'informer de la façon dont elles seront dépensées.

Neuf ans après sa création, la politique québécoise de soutien à domicile demeure grossièrement sous-financée. Pas étonnant qu'on tarde à en voir les résultats. Si on fournit seulement une fraction de l'aide dont un malade chronique a besoin pour vivre chez lui, et qu'on lui coupe ces services sans crier gare, il ne faut pas s'étonner qu'il aboutisse à l'urgence.

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