La CMM a accompli un tour de force. Elle a réussi à mobiliser la région autour d'un plan d'aménagement ambitieux qui, pour la première fois, fixe les balises du développement du Grand Montréal.

Bien qu'il ait nécessité dix ans de travail, l'exploit mérite d'être salué, pour trois raisons.

D'abord, la Communauté métropolitaine de Montréal a mis un terme à l'insouciance de ses membres. Elle a contré la force d'inertie des plus réactionnaires. Et elle a ainsi réussi à convaincre la majorité des 82 maires qui la composent de la nécessité de mettre fin au développement anarchique qui avait cours depuis 50 ans.

Ensuite, elle a organisé une véritable consultation publique qui a permis à la communauté - avec un petit c - de s'approprier le Plan métropolitain d'aménagement et de développement (PMAD). La grande majorité des 344 mémoires, dont le quart provient de citoyens, s'est prononcée en faveur. Plusieurs avec enthousiasme.

Reste à voir, cela dit, si la CMM capitalisera sur cet engouement pour donner encore un peu plus de mordant à ce plan, comme plusieurs l'ont demandé. Geler le périmètre d'urbanisation pour cinq ans, c'est bien, mais pour être conséquente, la CMM devrait pousser la mesure jusqu'à l'échéance du plan en 2031. Elle devrait aussi élaborer des critères serrés pour les exceptions et revoir à la hausse ses objectifs de densification.

Enfin, elle a su rallier le gouvernement, malgré les fortes pressions de la Couronne nord, laquelle a réussi à contrer à ce jour toutes les mesures visant à limiter l'étalement urbain... avec la complicité de Québec.

D'ailleurs, le gros du travail maintenant accompli par la CMM, la balle est dans le camp du gouvernement. Car c'est lui qui contrôle les leviers qui peuvent faire du schéma d'aménagement un outil coercitif... ou une coquille vide.

Il doit s'assurer d'accélérer le développement du transport collectif entre l'île et ses couronnes. Puis il doit obliger l'ensemble des villes qui jouxtent la CMM à se conformer à l'esprit du plan, sans quoi le développement sera simplement repoussé autour de la région. Le refus récent servi à St-Lin-Laurentides, qui souhaitait gruger 200 ha de terres agricoles, est de bon augure.

Puis il doit modifier la fiscalité des villes. Dépendantes à 70% des recettes foncières, il est normal qu'elles veuillent développer leur territoire. Un meilleur contrôle de l'aménagement devrait donc s'accompagner d'une diversification des sources de revenus.

En outre, Québec devrait s'attaquer à l'aberration du financement du transport. Il est aujourd'hui plus rentable pour une municipalité de se développer en fonction des autoroutes (payées à 100% par Québec) que du transport en commun (dont l'opération est assumée à 40% par les villes). Un réseau de péage à la distance parcourue aiderait à mettre fin à cette anomalie.

En élaborant un Plan d'aménagement ambitieux, les villes de la CMM ont fait une bonne partie du travail. Au tour de Québec de faire le sien.

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