La Commission scolaire de Montréal fait acte de contrition. À la suite des critiques essuyées ces dernières années, elle se dit prête à «interroger ses façons de faire» et à se «renouveler».

L'air est connu. La Fédération des commissions scolaires, l'Association des directeurs généraux des commissions scolaires et la ministre Beauchamp ont tous concédé que le statu quo était intenable. Mais il y a une différence de taille: la CSDM va au-delà des solutions vagues ou bâclées.

Loin des «ajustements», elle a en effet proposé, mercredi, les fondations d'«un nouveau contrat social avec les citoyens». Preuve de son bon vouloir, elle s'attaque de front à deux des enjeux les plus importants et délicats : l'autonomie des écoles et la démocratie scolaire.

D'abord, la CSDM met de l'avant trois scénarios qui ont le mérite d'approfondir le débat: a) l'école telle qu'on la connaît; b) l'«école campus», qui regroupe les budgets et services par «quartiers scolaires»; c) l'«école autonome affiliée», qui se conforme aux objectifs de la commission, mais gère seule son budget.

La CSDM avoue que ce dernier modèle «donne des frissons à tout le monde». Qu'elle ose donc le considérer et en débattre est preuve d'une grande ouverture. On ne rendra pas les commissions plus efficientes en brassant les mots «autonomie» et «efficacité», mais en creusant toutes les avenues possibles.

Ensuite, la CSDM fait preuve de la même audace en abordant la question de la démocratie scolaire, un enjeu trop souvent ignoré. Elle réitère que les élections municipales et scolaires devraient se tenir simultanément, mais plus encore, elle suggère que les élus des villes et des écoles travaillent ensemble, qu'ils soient représentés à la fois au conseil des commissaires et au conseil municipal. À méditer.

Cela dit, il y a un vice majeur dans la démarche de la CSDM. La présidente, Diane De Courcy, a précisé que «cette discussion va se faire à l'intérieur de la commission scolaire, avec les acteurs de l'école et non pas avec les gérants d'estrade de l'école», faisant ainsi référence aux politiciens qui participent au débat.

Or on ne peut à la fois se dire ouvert au dialogue, prêcher la transparence, tenir une reddition de compte en public, et vouloir tenir les échanges à distance des élus provinciaux car ce ne sont pas eux «qui font l'école».

Si aujourd'hui ces gouvernements locaux se lancent dans cette nécessaire remise en question, c'est bien parce que ces mêmes élus les y ont poussés. Des élus, rappelons-le, qui représentent aussi ces contribuables qui payent la taxe scolaire.

Entendons-nous, nous pensons toujours qu'un livre blanc ou un comité consultatif serait indiqué pour mener à terme la réflexion sur les commissions scolaires. Mais en l'absence d'une telle démarche indépendante, les propositions de la CSDM ont le mérite de pousser le débat plus loin.

L'important n'est pas l'abolition des commissions, mais leur réforme.

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