La communauté internationale n'a pas réussi à sauver la planète à Durban. Mais elle a clairement sauvé les meubles.

Après deux longues nuits de négociations, les délégués ont finalement réussi à s'entendre autour d'une feuille de route qui les mènera en 2015 pour l'élaboration d'un successeur à Kyoto, puis en 2020 pour son adoption.

Est-ce que la «plateforme de Durban» est un «accord significatif», comme l'affirme l'ONU? Ou un «fiasco», comme le déplorent les écologistes? Pas plus l'un que l'autre. Il s'agit tout bonnement d'un compromis: le document final va assez loin pour apaiser les craintes des pays pauvres et volontaires, mais pas assez loin pour inquiéter les États voyous et émergents.

Ce compromis, par conséquent, est insuffisant pour contenir la hausse des températures sous les 2°C. Mais il est néanmoins salutaire, en ce qu'il évite de mettre fin à la lutte contre les changements climatiques, un scénario possible dans un contexte où l'attention du monde est ailleurs.

Plus encore, on y retrouve deux éléments essentiels pour la suite des choses. D'abord, le protocole de Kyoto est reconduit. La première phase, qui s'étend de 2008 à 2012, sera ainsi suivie d'une seconde, qui repoussera l'échéance du traité et de ses composantes à la fin de 2017. Cela évitera le fameux «trou» dans lequel la lutte contre les changements climatiques aurait bien pu s'engouffrer pour ne plus jamais en sortir.

Ensuite, la communauté internationale s'est engagée à élaborer un autre traité qui prendra le relais. L'Europe souhaitait un accord contraignant, qui oblige tout le monde à faire sa part, mais l'Inde, les États-Unis et le Canada n'en voulaient pas.

On a ainsi créé un concept byzantin qui résume à lui seul le compromis de Durban: le futur accord sera «un protocole, un autre instrument légal ou une solution concertée ayant une force légale»...

On fait donc un pas en arrière. Mais on en fait aussi deux en avant, car cette entente rallie l'ensemble des pays de la planète, y compris les pays volontaires, émergents et rebelles. Pour la toute première fois, des pays en développement se disent ainsi prêts, noir sur blanc, à signer un accord légal sur le climat, un scénario rêvé depuis 10 ans, mais encore impensable il y a quelques jours.

Vrai, cet engagement s'appuie sur des cibles à l'horizon 2020 que les pays ont volontairement mises sur la table. Vrai, ces cibles, mises ensemble, ne permettent pas de réduire les gaz à effet de serre au niveau recommandé par les scientifiques.

Mais en même temps, les attentes étaient si faibles depuis l'échec de Copenhague, l'écolassitude est si répandue et les crises, si nombreuses (économie, dette et euro) que l'entente conclue à l'arraché apparaît, malgré son manque évident d'ambition, comme une bouffée d'air en attendant la conférence au Qatar, l'an prochain.

Plutôt que de marquer la fin de Kyoto, la conférence de Durban lui aura ainsi donné un second souffle.

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