Bras dessus, bras dessous, libéraux et conservateurs ont tourné le dos à la planète. Les premiers promettaient d'agir, mais ne l'ont jamais fait. Les seconds ont tout fait pour ne jamais agir.

Si bien qu'au lendemain d'une entente internationale ayant accordé un sursis à Kyoto, le Canada est montré du doigt parce qu'il est le premier à décrocher... avant même d'avoir essayé.

Le Canada se montre ainsi incapable d'honorer sa signature, il met une croix sur toute solidarité internationale, sur ses obligations, sur sa réputation. Tout simplement honteux.

De la signature du traité en 1997 jusqu'à son abandon, lundi, la participation canadienne à l'effort international a été pitoyable. Pensons aux libéraux de Jean Chrétien qui ont fixé la cible du Canada de manière aléatoire lors des négociations: ils sont passés d'une cible de 0% à 3% puis à 6%, dans le seul but de rivaliser avec l'administration Clinton.

Cela a été suivi par une approche volontaire et laxiste. Une approche mise en place par Jean Chrétien, puis poursuivie par Paul Martin et son ministre Stéphane Dion, qui ont concocté à leur tour un plan qui ne contenait ni contraintes, ni taxe carbone, ni mécanismes de marché permettant de réduire les gaz à effet de serre.

On connaît la suite: les conservateurs ont pris le pouvoir en 2006 et ont aussitôt brûlé l'ensemble des plans et programmes élaborés par leurs prédécesseurs. Ils promettaient alors de «nettoyer l'atmosphère» et de devenir une «une superpuissance de l'énergie propre» grâce à un plan «made in Canada» ... qu'on attend toujours.

Après cinq années au pouvoir, pendant lesquelles le gouvernement Harper avait l'entier appui de l'opposition pour lutter contre les changements climatiques, les conservateurs n'ont pas déposé le début de l'ombre d'un plan national le moindrement coercitif. Tout au plus existe-t-il une cible volontaire à l'horizon 2020, qu'Ottawa n'a de toute façon aucune intention d'atteindre (l'année de référence est 2005, année depuis laquelle rien ne s'est passé au niveau fédéral).

Résultat: les émissions ont crû de 17% depuis 1990, alors qu'elles devaient baisser de 6%.

Le Canada décroche, donc, sous le fallacieux prétexte que ce piètre bilan - dont il est l'unique responsable - lui coûtera au bas mot 14 milliards$. Y a-t-il quelqu'un qui croit sérieusement que l'ONU exigera quoi que ce soit aux pays qui rateront leur objectif l'an prochain? Il est clair, dans le contexte, que cette «pénalité» sera oubliée au profit d'une cible contraignante après 2012 (autre engagement, soit dit en passant, sur lequel Ottawa a mis une croix).

Que le Canada veuille profiter de ses ressources pétrolières, soit. Mais cet enrichissement vient avec des responsabilités que le pays peut fort bien assumer sans se ruiner, soit en élaborant un plan d'encadrement environnemental, soit en imposant un prix sur chaque tonne de gaz effet de serre émise.

Choisir de refiler le prix de cette exploitation aux autres est irresponsable.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion