L'Agence métropolitaine de transport a rendu à la région de fiers et bons services au cours des 15 dernières années. Elle a permis de développer massivement le train de banlieue, tout en échafaudant le début d'une vision régionale du transport en commun.

Il est aujourd'hui temps de la mettre au rancart.

Le lancement - chaotique - du projet de Train de l'Est signale en effet la fin d'une époque de rattrapage. Avec ses cinq lignes, bientôt six, le réseau ferroviaire métropolitain atteindra son plein potentiel. Et l'AMT, sa date d'échéance...

Cela survient à un moment charnière du transport métropolitain, marqué à la fois par une crise de la gouvernance et du financement, une difficulté croissante de développer des projets et une multiplication des chantiers routiers d'envergure.

Le tout, dans un contexte où la tendance du «tout-à-l'auto» montre ses premiers signes d'essoufflement: les déplacements en voiture déclinent pour la première fois en 40 ans dans la région, tandis que l'affluence des transports collectifs atteint des records historiques.

Cela, clairement, commande une nouvelle façon d'aborder la mobilité des biens et des personnes, une façon de faire plus globale, plus cohérente et plus responsable.

La bonne nouvelle, c'est que le gouvernement Charest en est pleinement conscient. Il travaille à l'élaboration d'une nouvelle «politique de mobilité durable» qui, selon les premières informations, s'attaquera précisément à ce triple défi.

En début de semaine, le ministre Pierre Moreau a en effet confié qu'il souhaitait revoir de fond en comble le financement et la gouvernance du transport, et ce, en «faisant fi des chasses gardées et des intérêts locaux». Il a ainsi évoqué le remplacement de l'AMT par une «superagence» ayant le mandat du financement et de la planification des deux réseaux: celui du transport en commun ET celui des routes.

Voilà qui pourrait ramener de l'ordre dans le fouillis des 83 villes et 14 sociétés de transport de la région, dans le bric-à-brac des interventions du ministère des Transports et dans le désordre des priorités parfois douteuses de tout un chacun. Les municipalités auraient leur mot à dire, mais Québec, principal bâilleur de fonds, aurait les pleins pouvoirs pour coordonner tout ce qui touche à la mobilité des personnes.

L'intention du ministre Moreau, qui souhaite ainsi importer le modèle à succès de Translink à Vancouver, est donc louable. Reste à voir les modalités: Québec en profitera-t-il pour rééquilibrer le rapport de force financier entre le transport en commun et le routier, pour donner à Montréal une place plus importante que celle qu'elle avait au sein de l'AMT, pour élargir le mandat de la nouvelle agence au transport des marchandises et au transport actif?

Reste, aussi, à voir le degré de précipitation du gouvernement à quelques mois d'élections. L'électoralisme, qui tend à favoriser les banlieues aux dépens de l'île, serait bien mauvaise conseillère pour un enjeu aussi capital.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion