En Europe, au grand dam de la démocratie, une technocratie liée à la haute finance serait en train de s'imposer et de prendre le contrôle d'États souverains? D'une crise à une autre, la sphère politique serait de plus en plus discréditée?

Ciel! Pourquoi cela?

Ça ne peut avoir aucun rapport avec le fait que, par exemple, l'Italie a été gouvernée pendant presque 10 ans par un politicien, Silvio Berlusconi, dont la bouffonne excentricité ne peut se comparer qu'à celle du regretté colonel Kadhafi, son ami libyen. Un politicien qui se moquait ouvertement des cadres juridiques de l'exercice démocratique du pouvoir, 20 fois traîné en cour sous toutes sortes d'accusations - et toujours blanchi, bien entendu. Un politicien qui a laissé la dette nationale grimper à 2600 milliards$CAD, soit 120% du PIB, une hausse de 14 points au cours des cinq dernières années. Un politicien qui a laissé le chômage des jeunes atteindre 29,6%...

Pourquoi donc est-ce que cela discréditerait la sphère politique, n'est-ce pas?

Considérons maintenant le rayon grec de cette sphère, puisque c'est de là que le scandale est parti.

Aujourd'hui, ce sont les politiciens grecs qui ont l'honneur d'être vus comme les plus mauvais gouvernants de l'Europe (Irish Times). Ils ont trafiqué les livres de l'État et fermé les yeux sur une économie au noir qui dépasse les 20% du PIB. Ils ont laissé enfler un appareil administratif dont l'obésité ne le cède qu'à l'inefficacité. Laissé enfler des régimes de retraite psychédéliques. Des méga-programmes sociaux impuissants à soulager la pauvreté. Un taux de chômage réel chez les jeunes qui pourrait atteindre 40% d'ici la fin de 2011. Et une culture politique telle que le montant des pots-de-vin distribués en 2009 aurait, selon Transparency International, atteint les 122 millions$CAD...

Pourquoi diable trouverait-on dans tout cela matière à discréditer les politiciens?

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D'ailleurs, comment les juger? Ce sera simple si l'Autorité européenne de surveillance des marchés financiers obtient ce qu'elle désire: on ne les jugera plus!

Bruxelles doit en effet proposer, aujourd'hui, de nouvelles mesures de régulation, dont celle permettant d'interdire aux agences de notation (Standard&Poor's, Moody's, Fitch) d'évaluer la gestion des États en certaines circonstances. Quitte à poursuivre ces agences, le cas échéant.

Brillante solution!

Au pire, elle démontrera que le réflexe totalitaire, celui de dégainer instantanément l'arme de la censure, est encore bien aiguisé en Europe.

Au mieux, bâillonner les agences de notation constituera une réforme presque... socioconstructiviste à la sauce québécoise: ne mettons plus de notes - ni chiffres ni lettres - dans le bulletin des politiciens: c'est mauvais pour leur estime de soi!

Il est vrai que l'échec et le décrochage sévissent de plus en plus dans leurs rangs.