« Vivre » avec la COVID. Cette expression nous a toujours fait grincer des dents.

Évidemment qu’on est tous écœurés de cette foutue pandémie. Qu’on aspire à nouveau à une vie normale.

Mais ce n’est pas beaucoup plus brillant de faire comme si la pandémie était terminée, alors qu’elle ne l’est manifestement pas. Il y a actuellement 1549 patients COVID à l’hôpital. C’est plus qu’à n’importe quel moment en 2021, et on s’approche du pic de la première vague en 2020 (1672).

Les cinquième et sixième vagues d’Omicron ont été tellement éprouvantes qu’on a l’impression qu’il n’y a plus que deux options sur le menu : 1) 100 % de mesures sanitaires ; 2) 0 % de mesures sanitaires.

Il y a pourtant une troisième option. Qui demande nuance et patience. Mais qu’on devra adopter tôt ou tard collectivement : « vivre » intelligemment avec le virus. Être plus rusé que lui. Garder les mesures et les pratiques sanitaires les plus efficaces, tout en préservant notre santé mentale.

La recette est connue, mais il faut la répéter : vaccination, isolement, masque, aération. Vaccination, isolement, masque, aération. VIMA : retenez cet acronyme (c’est notre expression) qui pourrait vous faire passer un été plus normal.

Après des mois de silence, le gouvernement Legault est (enfin !) sorti de son mutisme cette semaine à propos de la COVID-19, alors que la septième vague est entamée.

Sa stratégie estivale consiste à faire mousser la dose de rappel du vaccin et rappeler les règles d’isolement. À défaut de réimposer des mesures sanitaires ciblées, Québec reste uniquement en mode suggestions et recommandations. C’est plus populaire. Mais soyons francs : c’est beaucoup moins efficace.

Vaccination

Deux doses, ce n’est déjà plus suffisant. Tant que la COVID-19 sera au stade pandémique, il faudra visiblement retourner se faire vacciner à intervalles réguliers. C’est parce que la protection du vaccin diminue au fil des mois. En six mois, la protection de la troisième dose diminue de 90 % à 70 % pour les hospitalisations, et de 65 % à 10 % pour les infections symptomatiques. Sur près de 8,7 millions de Québécois, ce risque additionnel représente un poids immense sur notre système de santé.

Au cours des derniers mois, il est évident que le gouvernement du Québec a laissé échapper le ballon pour encourager les Québécois à prendre leur(s) dose(s) de rappel. À Ottawa, le ministre fédéral de la Santé Jean-Yves Duclos a été plus franc et plus courageux politiquement.

À partir de maintenant, il faut un message clair qu’on répète souvent et sans hésitation sur toutes les tribunes : mettez votre vaccination à jour. Pour les personnes immunodéprimées, c’est cinq doses. Pour les 60 ans et plus, c’est quatre doses. Pour les 18 ans et plus, c’est trois doses (possiblement quatre si votre troisième remonte à plus de six mois, mais c’est votre choix). Seul bémol : attendre trois mois après une infection COVID avant de prendre une nouvelle dose.

Québec a promis de faire une campagne de publicité estivale pour promouvoir la dose de rappel. Très sage décision. Mieux vaut tard que jamais.

Isolement

Au nombre de gens qui attrapent la COVID ces jours-ci, ça vaut la peine de le répéter : 10 jours d’isolement strict (sans contact). Si vous n’avez pas de symptômes durant les jours 6 à 10, vous devez rester à la maison et porter un masque lors de vos interactions avec les autres occupants (votre famille immédiate), oublier vos activités sociales et limiter vos sorties (avec un masque) à des activités essentielles (par exemple le travail).

Masque

Québec n’aurait probablement pas dû retirer le port obligatoire du masque dans les transports en commun, un service essentiel pour beaucoup des gens. Le masque est d’ailleurs obligatoire dans les transports en commun en Allemagne, en Italie, en Espagne et au Portugal.

Peu importe le moyen pour y arriver, le plus important à présent, c’est qu’au moins 75 % des Québécois portent le masque dans des endroits intérieurs bondés comme les transports en commun.

Pays du G7 avec le plus faible taux de mortalité COVID, le Japon n’a jamais eu à imposer le masque dans les transports en commun et les lieux intérieurs. Le gouvernement l’a recommandé et les Japonais ont suivi cette recommandation. Les Québécois n’auront jamais la discipline légendaire des Japonais. Mais l’équation est la même à Montréal comme à Tokyo : plus on portera le masque dans des situations à risque, moins on aura de risques d’attraper et de transmettre la COVID, d’engorger le système de santé, de développer une COVID longue.

C’est beaucoup de bénéfices pour une mesure sanitaire aussi simple et peu intrusive.

Aération

L’été, ça veut dire faire des activités à l’extérieur, à deux mètres.

Ç’aurait été bien que Québec profite de l’été pour considérablement améliorer la ventilation dans les écoles. Malheureusement, le gouvernement Legault se fait tirer l’oreille.

Au bout du compte, l’équation est simple : plus il y a aura de Québécois qui adopteront la recette VIMA, plus l’été sera agréable.

En attendant un automne qui, ne nous contons pas d’histoires, s’annonce difficile.

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