Pendant les prochaines semaines, vous verrez les politiciens québécois se chicaner, tenter de se différencier les uns des autres.

À travers tous ces désaccords, un consensus prometteur passera sans doute inaperçu.

La CAQ, le PLQ, QS et le PQ ont tous comme objectif d’offrir une place subventionnée pour chaque enfant au terme du prochain mandat. À quelques détails près, on proposera les deux mêmes solutions : convertir la plupart des places non subventionnées en places subventionnées à 8,70 $ par jour et construire de nouveaux centres de la petite enfance (CPE).

Ces quatre partis ont le bon plan de match. Ne restera plus au prochain gouvernement qu’à bien l’exécuter.

Le Québec a probablement le meilleur réseau de garderies en Amérique du Nord. Mais il est très inégal.

Les chanceux : les deux tiers (68 %) des enfants d’âge préscolaire ont une place subventionnée, en CPE (pour les plus chanceux du groupe des chanceux), en garderie privée subventionnée ou en milieu familial.

Le groupe du milieu : 21 % des enfants sont en garderie privée non subventionnée (jusqu’à 50 $ par jour). La facture est élevée (le crédit d’impôt compense) et la qualité des services est généralement moindre.

Les malchanceux : 11 % des enfants (33 800 enfants) n’ont pas de place en garderie. Les parents doivent trouver une autre solution. Faire garder les enfants par les grands-parents. Trouver une garderie à l’extérieur du système, sans garantie de qualité. Le pire scénario : l’un des deux parents (maman dans 90 % des cas) est forcé d’arrêter de travailler. Comme dans les années 1950.

Notre souhait pour les parents du Québec : que les élections de 2022 soient les dernières où on se demande comment trouver des places en garderie subventionnée aux enfants qui n’en ont pas.

En 2026, ce problème doit être réglé. Chaque famille qui le désire doit avoir une place subventionnée pour son enfant. Pour que l’enfant ait des services de garde de qualité. Et pour que les parents puissent retourner sur le marché du travail, si c’est leur souhait. Les bénéfices sociaux et économiques du réseau des CPE sont énormes.

Malheureusement, on ne trouve pas une place subventionnée à 33 800 enfants en criant ciseaux. Construire un CPE prend au moins deux ans.

Pendant 13 ans, les gouvernements Charest et Couillard ne croyaient pas vraiment aux CPE. De 2005 à 2020 (note 1), Québec a créé davantage de places non subventionnées (66 600) que de places subventionnées (38 200). Ça coûtait moins cher à court terme, mais ça nous donne aujourd’hui un système à deux vitesses.

L’hiver dernier, Québec a financé la création de 37 000 places subventionnées en trois ans. Il était temps ! On calcule ainsi que tous les enfants auront une place d’ici 2025. Les fleurs : Québec avance le plus vite possible. Le pot : seulement les deux tiers de ces nouvelles places seront en CPE. Quand c’est possible, Québec devrait toujours opter pour une nouvelle place en CPE. La qualité des services y est meilleure, et on subventionne des organismes sans but lucratif.

La deuxième partie du plan de la CAQ a été dévoilée vendredi : convertir 50 000 places non subventionnées en places subventionnées d’ici cinq ans. On aurait aimé un calendrier encore un peu plus ambitieux.

Après la CAQ, le PLQ, QS et le PQ dévoileront bientôt leur version du même plan de match : offrir une place subventionnée en garderie à tous les enfants.

(Il n’y a que le Parti conservateur du Québec qui a une vision différente — et rétrograde – où il met la hache dans les subventions aux CPE pour offrir une allocation imposable aux parents.)

Pour le prochain gouvernement, le plus difficile sera de respecter ce plan de match à long terme. Par exemple, de s’assurer que les 50 000 places converties offrent des services à la hauteur de leur niveau de subventions.

Qu’on nivelle vers le haut. Pas vers le bas.

Note 1 : Gouvernement Charest : de 2003 à 2012. Gouvernement Couillard : de 2014 à 2018. On a pris de 2005 à 2020 parce que c’est plus représentatif (il faut deux ans pour bâtir un CPE).

En savoir plus
  • 12 %
    Profits (surplus) moyens des garderies privées subventionnées au Québec en 2020-2021.
    Source : ministère de la Famille du Québec
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