Dans son essai Des quartiers sans voitures, le maire de Laval remet en question la place de l’auto dans nos villes et dans nos vies. La lecture de ce livre vaut le détour. Stéphane Boyer rêve à des quartiers plus verts où les enfants pourraient jouer devant leur maison sans risquer de se faire frapper, des quartiers plus denses où la plupart des activités du quotidien se feraient à pied. Bref, des quartiers moins pollués et moins bruyants qui mettraient de l’avant la qualité de vie de leurs résidants.

La marche est haute. Nous vivons en Amérique du Nord, dans des villes qui ont été pensées en fonction de la voiture. Il y a donc beaucoup à faire pour renverser la vapeur.

La première étape pour y arriver, c’est de se questionner sur l’omniprésence du béton et des places de stationnement dans nos villes. Elle est disproportionnée. C’est le problème numéro un dans nos villes, insiste Christian Savard, de l’organisme Vivre en ville.

Il est vrai que l’espace réservé au stationnement pourrait être utilisé pour construire de l’habitation, planter des arbres, élargir les trottoirs, ajouter des pistes cyclables sécuritaires.

Sans compter que ces espaces de stationnement ont plusieurs effets négatifs sur l’environnement.

D’abord, ce sont des îlots de chaleur qui font augmenter la température environnante. Comme ils sont imperméabilisés, ils n’absorbent pas l’eau, ce qui représente un sérieux problème lorsque le ciel se déchaîne comme il l’a fait mardi dernier.

La bonne nouvelle, c’est qu’on peut s’y attaquer.

On l’a fait dans l’arrondissement de Ville-Marie, à Montréal, où on a aboli le ratio minimum de stationnement résidentiel et commercial en 2018. C’est une approche qui devrait être élargie à l’ensemble de la province. On a également réduit le nombre de grands stationnements payants. Souvenez-vous, il y a quelques années, tous ces stationnements boulevard René-Lévesque, rue Jeanne-Mance ou encore rue Peel, derrière le magasin Simons. L’arrondissement a décidé de taxer ces stationnements. Résultat : comme ils rapportaient moins d’argent, ils ont été vendus et sont aujourd’hui occupés par des immeubles d’habitation, des espaces commerciaux ou de bureaux.

Des stationnements à ciel ouvert, il y en a encore beaucoup trop non seulement à Montréal, mais aussi ailleurs au Québec.

Des exemples, on en trouve dans la rue Sherbrooke à mesure qu’on se déplace vers l’est. On en croise aussi sur l’avenue du Parc, autour de la rue Beaubien, un coin de plus en plus habité. Et, bien sûr, autour des centres commerciaux de la périphérie.

Ce n’est pas un hasard si, à Brossard, on songe à densifier dans le stationnement autour du Mail Champlain, un centre commercial bien desservi par plusieurs lignes d’autobus et bientôt par le REM qui arrêtera tout près, à la station Panama. De la même façon, on pourrait penser à réduire considérablement le stationnement des galeries Chagnon, à Lévis, une mer de béton qui pourrait être coupée de moitié au moins. Voilà un endroit où densifier permettrait d’éviter l’étalement urbain.

Non seulement ces espaces de stationnement sont néfastes pour l’environnement, mais ils représentent une subvention cachée à l’automobile qui est payée par tous, même ceux qui ne possèdent pas d’auto.

À part quelques quartiers où on exige une vignette pour une somme modique, le stationnement sur rue est gratuit dans les quartiers résidentiels du Québec. Or un espace de stationnement coûte plusieurs milliers de dollars à construire et à entretenir.

Non, on ne suggère pas d’éliminer TOUTES les places de stationnement. Mais il faut réduire le nombre de cases en surface et, quand c’est possible, les remplacer par un stationnement souterrain ou étagé qui coûte moins cher et pollue moins. On pourrait aussi mutualiser les espaces de stationnement qui ne sont pas utilisés 24 heures sur 24.

Les solutions existent. Ne manque que la volonté.

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