L’ouragan Ian a semé la dévastation en Floride récemment. Ça devrait nous faire réfléchir.

On parle de drames humains épouvantables associés à des dégâts évalués à plusieurs dizaines de milliards de dollars.

Oui, il y a de quoi réfléchir… pour ensuite agir.

Des experts le répètent depuis un certain temps, mais avec toujours plus d’émoi : il faut penser à investir des sommes plus substantielles, de toute urgence, dans des mesures d’adaptation aux changements climatiques.

Car soyons honnêtes, Ian a frappé les esprits, mais il ne nous a rien appris que nous ne savions pas déjà.

Ni sur le fait que la fréquence et l’intensité des phénomènes extrêmes sont en augmentation.

Ni sur les coûts croissants de l’instabilité du climat.

Ni sur la réalité que pour être prêt, il faut se préparer.

Le problème, c’est que le fossé entre savoir et agir est parfois trop grand et que les gouvernements le comblent souvent trop lentement.

Surtout quand ils savent que les gestes qu’ils feront ne donneront pas de résultats visibles à court terme.

Il est bien plus payant politiquement de réduire les impôts ou de promettre des chèques que d’accroître la résilience des réseaux d’eau potable, par exemple.

La plus récente campagne électorale a d’ailleurs prouvé une fois de plus que l’urgence climatique n’est pas encore la priorité d’un assez grand nombre d’électeurs.

C’est ici que la question du leadership politique entre en jeu.

« Continuons », nous a dit la Coalition avenir Québec, dont le virage vert n’a jamais été très prononcé… et dont les promesses en matière de lutte contre les changements climatiques n’ont pas été aussi ambitieuses que celles de ses adversaires.

Mais continuer, dans ce dossier, n’est pas suffisant. Il faut accélérer. Et avoir le pied pesant.

Le Québec n’est pas la Floride. N’empêche qu’ici aussi, dans le cas spécifique de l’adaptation aux changements climatiques, il y a urgence.

Les infrastructures sont mises à l’épreuve aux quatre coins du monde. Personne n’y échappe.

Un rapport de l’Institut climatique du Canada, publié à la fin du mois dernier, montre à quel point tous les voyants sont au rouge ici aussi.

« Les dommages climatiques entraînent déjà – à très court terme – des pertes considérables pour le revenu national. En 2025, le Canada essuiera des pertes de 25 milliards de dollars par rapport à un scénario de climat stable, soit 50 % de la croissance projetée du PIB pour l’année », y lit-on.

Troublant ? Le pire est à venir…

La hausse des coûts s’amplifie rapidement au fil des années et des décennies, passant à 78 et à 101 milliards de dollars annuellement d’ici le milieu du siècle pour des scénarios d’émissions modérées et élevées, et à 391 et à 865 milliards de dollars respectivement d’ici la fin du siècle.

Plus récent rapport de l’Institut climatique du Canada

Le Québec semble moins vulnérable que la plupart des autres provinces, mais il est tout sauf immunisé, comme les dégâts provoqués récemment par des pluies diluviennes nous l’ont démontré. Ou ceux causés par l’ouragan Fiona aux Îles-de-la-Madeleine.

Les grandes villes du Québec ont d’ailleurs effectué une sortie publique en pleine campagne électorale pour réclamer 2 milliards de dollars par année sur cinq ans pour adapter leurs infrastructures aux changements climatiques.

Cette demande ne sortait pas de nulle part. Elle est basée sur un rapport préparé, entre autres, par les experts du consortium en climatologie Ouranos.

Elle n’a cependant pas été accueillie avec un enthousiasme délirant par le premier ministre François Legault. C’est le moins qu’on puisse dire.

Le constat est pourtant sans appel : réduire nos émissions de gaz à effet de serre est urgent, mais désormais insuffisant. Investir suffisamment dans des mesures d’adaptation aux changements climatiques est essentiel.

Et plus on attend, plus ça va nous coûter cher.

N’y a-t-il pas là de quoi faire réfléchir – et agir – un gouvernement « de l’économie », dirigé par un comptable ?

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