Comme quelqu’un qui tombe en ski nautique, mais qui refuse de lâcher le câble, Dominique Anglade s’accroche à son poste de cheffe du Parti libéral du Québec (PLQ). Mais son acharnement ne fait que la caler davantage, et c’est tout le parti qui se fait éclabousser.

Triste spectacle, en vérité, alors que le Québec a désespérément besoin d’une opposition officielle organisée et efficace, et non pas d’un parti dont les déchirements internes monopolisent l’attention.

Mais Dominique Anglade donne l’impression d’être en plein déni.

Avec son optimisme aveugle durant la campagne électorale, elle n’a pas vu que la machine libérale – si redoutable dans le passé – s’était enrayée, peinant même à recruter des candidats dans toutes les circonscriptions.

Le soir des élections, la cheffe est montée sur scène, les bras en l’air, comme si elle avait remporté une grande victoire, alors que le PLQ venait d’essuyer un revers historique.

Avec à peine 14 % des voix, les libéraux sont arrivés quatrièmes. S’ils ont conservé leur titre d’opposition officielle, c’est uniquement en raison de la concentration de leurs votes dans l’île de Montréal.

Avec seulement 21 députés, 10 de moins qu’en 2018, Dominique Anglade ne pouvait pas se permettre de flanquer à la porte Marie-Claude Nichols, avant de lui demander de revenir… pour se faire répondre non.

Une bourde insensée qui démontre que Mme Anglade n’a pas le précieux entourage qui, dans le passé, aurait eu le doigté nécessaire pour résoudre les tensions, sans causer de fractures.

Comme si de rien n’était, Dominique Anglade voudrait maintenant qu’on passe à un autre sujet, qu’on se concentre sur les « enjeux les plus importants pour les Québécois comme l’économie, la santé et l’éducation ».

Franchement, on ne demande pas mieux. La population n’a pas élu des députés pour qu’ils se chicanent entre eux, mais pour qu’ils s’attaquent aux défis du Québec.

Mais on ne peut pas simplement mettre cette querelle sous le tapis : laver son linge sale en public, ça laisse des traces.

Dominique Anglade fait donc face à un double défi : ramener l’unité au sein du PLQ et lui redonner son âme perdue.

Dominique Anglade a-t-elle le leadership pour accomplir cette mission difficile ?

Personne ne doute de son intelligence, de son dynamisme et de sa motivation. Mais les derniers mois ont prouvé qu’elle vit parfois dans un monde parallèle, déconnectée des sensibilités sur le terrain.

En s’accrochant aux commandes, elle nuit à son parti plus qu’elle ne l’aide.

C’est François Legault qui doit être mort de rire, lui à qui on prédisait de la difficulté à garder la discipline avec autant d’élus. Pour l’instant, il s’en tire à merveille.

Avec sa supermajorité, il se retrouve face à une opposition fantôme à l’approche de la rentrée parlementaire. C’est malsain. Dans une démocratie en santé, il faut un contrepoids politique pour demander des comptes au gouvernement.

Mais en ce moment, l’opposition est complètement morcelée. Et les trois autres partis risquent d’être exclus de l’Assemblée nationale : le Parti conservateur (PCQ) – lui-même miné par une guerre intestine parce qu’il n’a fait élire aucun député ; Québec solidaire (QS) et le Parti québécois (PQ) parce qu’ils ont refusé de prêter serment au roi, comme l’exige la loi.

D’accord, ce serment est totalement anachronique et mérite d’aller aux oubliettes. La vaste majorité des Québécois s’entendent là-dessus. Mais ils ont quand même voté pour que leur député les représente sur les banquettes du Salon bleu, pas sur le fauteuil de leur salon.

QS et le PQ ne pourraient-ils pas accepter de prêter serment, en privé, puisque la Coalition avenir Québec (CAQ) s’est engagée, mercredi, à réformer la loi rapidement ?

De grâce, qu’on en finisse avec ce cirque. Et que les oppositions jouent enfin leur vrai rôle.

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