Il y a une chose que François Legault n’a pas dite dans son discours d’ouverture de la nouvelle session parlementaire : comment compte-t-il s’y prendre pour freiner la hausse effrénée des dépenses du gouvernement depuis son arrivée en poste il y a quatre ans ?

Tenez-vous bien, les dépenses de programmes ont crû de 9 % par année, une augmentation étonnante de la part de la Coalition avenir Québec (CAQ), qui se présente comme un parti de l’économie, et de la part d’un premier ministre qui se targue d’avoir cinq comptables agréés dans son conseil des ministres.

Oh, bien sûr, la pandémie n’a pas aidé. Sauf que le niveau des dépenses n’est pas vraiment redescendu même si le plus gros de la tempête est passé. Il faudrait donc un plan d’action pour freiner ce rythme insoutenable, d’autant que le Québec risque de glisser en récession l’an prochain.

François Legault a plutôt promis que son ministre des Finances resterait très généreux, lui qui s’apprête à envoyer des chèques de 400 à 600 $ aux Québécois, juste à temps pour les emplettes des Fêtes. Un cadeau inflationniste qui aurait dû être réservé aux moins nantis.

Et le premier ministre n’a pas l’intention de mettre la pédale douce sur les baisses d’impôt promises en campagne, auxquelles les contribuables auront droit dès l’an prochain. Un peu plus de prudence serait pourtant de mise, dans un contexte de grande incertitude.

Loin d’avoir le pied sur le frein, la CAQ a déballé une macédoine de chantiers. Rien de bien neuf, comme le laissait présager son slogan de campagne « Continuons ».

Mais on peut comprendre qu’après un premier mandat volé par la pandémie, François Legault revienne avec les mêmes idées : son « obsession » de réduire l’écart de richesse entre le Québec et l’Ontario, son désir de mettre l’éducation en tête des priorités, son « premier devoir » de renverser le déclin du français et, bien sûr, l’incontournable réforme de la santé.

Le premier ministre reconnaît que la pénurie de main-d’œuvre est son ennemi numéro un. Il s’y attaquera notamment en retirant l’obligation de cotiser au Régime de rentes du Québec (RRQ) après 65 ans. Une excellente nouvelle puisque ce fardeau pouvait décourager les aînés de rester sur le marché du travail.

Mais ce ne sera pas suffisant.

Faute de bras, le Québec doit être plus productif. C’est la clé. Il faut se « mettre tous ensemble en mode solution », a exhorté le premier ministre, en s’adressant notamment aux syndicats et aux ordres professionnels.

Il a bien raison : il faut penser différemment. Casser le corporatisme. Trouver de nouvelles façons de faire. Investir en technologie pour que les entreprises en fassent plus avec autant d’employés.

Bref, moderniser l’État et la société.

Le défi est de taille. Mais pour l’occasion, François Legault avait sorti le ton rassembleur qui l’a si bien servi durant la crise sanitaire, laissant au vestiaire le côté belliqueux des derniers mois.

Par exemple, le premier ministre n’a pas mis l’accent sur les revendications pour obtenir plus de pouvoir en immigration, pomme de discorde avec Justin Trudeau. Il a plutôt parlé de mieux utiliser les leviers à sa disposition, notamment en accueillant davantage d’étudiants étrangers francophones dans nos cégeps et nos universités. Une bonne idée, puisque ces jeunes, diplôme du Québec en main et réseau de contacts bien établi, ont ensuite tout ce qu’il faut pour s’intégrer chez nous.

Face aux partis de l’opposition, aussi, François Legault continue de tendre la main, même s’il a quand même pris la peine de décocher une petite flèche qui n’était pas nécessaire au chef de Québec solidaire, parce qu’il critique le rôle que le privé peut jouer en santé.

Mais ses adversaires sont tellement morcelés que la CAQ n’a pas grand-chose à craindre. Au lieu de se lamenter sur leur sort ou de s’entre-déchirer, les partis de l’opposition devraient cuisiner la CAQ qui dépense à qui mieux mieux.

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