« Absurde », a lancé sur Twitter mardi le président ukrainien, Volodymyr Zelensky.

Il reprochait aux pays membres de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) de ne pas lui fournir d’échéancier quant au processus d’adhésion de l’Ukraine.

« L’indécision est une faiblesse », a-t-il aussi affirmé.

Il voudrait que l’Ukraine fasse partie du club sélect de l’OTAN au plus tôt. Évidemment.

Mais il ne faudrait pas confondre indécision et prudence.

Les pays membres de l’OTAN estiment tous que l’Ukraine doit devenir membre de l’organisation. Mais mettre la charrue avant les bœufs serait irresponsable.

La prudence, ici, est un gage de sécurité.

Certains, y compris le président américain Joe Biden, ont tenté d’expliquer au cours des derniers jours pourquoi il serait périlleux de précipiter l’adhésion de l’Ukraine.

« Nous serions en guerre contre la Russie », a-t-il déclaré.

Ça se conçoit aisément. En vertu de l’article 5 de la charte de l’organisation, une attaque contre un des membres est considérée comme une attaque contre tous.

Les autres membres de l’OTAN doivent alors prendre les actions nécessaires, « y compris l’emploi de la force armée, pour rétablir et assurer la sécurité dans la région ».

Le Canada a essentiellement la même position que Washington dans ce dossier, même si la façon dont elle est formulée est plus ambigüe.

La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a répété mardi ce que le premier ministre Justin Trudeau avait déjà dit : le Canada est favorable à une adhésion de l’Ukraine « quand les conditions vont le permettre ».

On comprend que l’ultime condition, c’est que la guerre ait pris fin.

Insistons : c’est ce que la logique dicte, même si ce n’est pas ce que les Ukrainiens voudraient entendre en ce moment.

En revanche, on ne va pas non plus reprocher au président Zelensky de monter le ton. D’abord parce que son peuple est chaque jour victime de la « terreur russe », comme il l’a si bien dit.

Ensuite, il faut admettre que les nombreux alliés de l’Ukraine ont trop souvent hésité à livrer tout l’équipement militaire dont le pays avait besoin.

Les pays occidentaux ont par exemple autorisé la livraison de chars lourds et d’avions de chasse, mais seulement après de longues tergiversations. Et ce, après avoir été talonnés par les autorités ukrainiennes.

On a donc compris, à Kyiv, que l’insistance est fondamentale afin d’obtenir ce qui est nécessaire pour repousser l’agresseur russe et garantir la sécurité du pays. Y compris l’adhésion très convoitée à l’OTAN.

Cela dit, on aurait tort d’accuser le Canada, les États-Unis et les autres membres de l’OTAN d’immobilisme dans le dossier de l’adhésion de l’Ukraine.

Avant même l’arrivée de Volodymyr Zelensky au sommet de Vilnius, ils avaient fait savoir que l’Ukraine bénéficierait d’une voie rapide pour adhérer à l’OTAN. On a annoncé que le pays n’aurait pas à remplir les conditions de ce qu’on qualifie de plan d’action pour l’adhésion, « qui fixe un certain nombre d’objectifs de réformes ».

Cette controverse au sujet du processus d’adhésion ne doit pas non plus faire oublier l’essentiel : l’OTAN est une alliance militaire en grande forme et le sommet actuel permet de le confirmer.

Il n’y a pas si longtemps, Donald Trump faisait trembler les alliés de l’organisation en critiquant son obsolescence et en menaçant de s’en retirer.

Désormais, l’OTAN démontre chaque jour un peu plus sa pertinence et vient même de célébrer l’arrivée de deux précieux nouveaux membres, la Finlande et la Suède.

« Ce que nous faisons maintenant – ou ne faisons pas – va définir le monde dans lequel nous vivrons pendant des générations », a affirmé le secrétaire de l’OTAN, Jens Stoltenberg, avant le début du sommet.

S’il avait tenu de tels propos il y a cinq ans, on ne l’aurait pas pris au sérieux.

Qui oserait aujourd’hui s’en moquer ?

Le sommet n’est pas terminé et on constate, malgré la polémique de mardi, qu’on a renforcé l’alliance tout en promettant de faciliter l’adhésion de l’Ukraine.

Ce sont de mauvaises nouvelles pour Vladimir Poutine.

Et on va se le dire : c’est une très bonne façon de mesurer le succès de ce sommet.

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