Le métier de journaliste nous force avant tout à mettre le doigt là où ça fait mal. Nous prenons, cela va de soi, rarement le temps de souligner les bons coups de nos politiciens.

Le passage hier dans nos bureaux du ministre fédéral de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, John McCallum, nous permet de faire un premier bilan du travail qu'il a accompli depuis sa nomination. Et de souligner que, jusqu'ici, il a respecté ses engagements.

Ce n'était pas une mince affaire de coordonner l'accueil de 25 000 réfugiés syriens en l'espace de quelques mois. Techniquement, c'était un pari périlleux, auquel s'ajoutait la gestion des craintes liées à l'attentat terroriste de Paris en novembre dernier.

John McCallum, vieux routier de la politique canadienne, a visiblement su se servir de son expérience et de son pragmatisme pour arriver à ses fins.

Ce qu'il a entre autres démontré en préférant prendre un peu plus de temps - et mettre l'accent sur la sécurité de l'initiative -  que ce qui avait été promis pour accueillir l'ensemble des réfugiés. L'objectif initial avait été fixé au 31 décembre, mais c'est à la fin de février qu'il a été atteint.

Ce succès a eu un tel écho que des gouvernements étrangers veulent maintenant savoir comment Ottawa s'y est pris « pour faire ça si rapidement », a indiqué le ministre.

Mission accomplie, donc ? Pas encore. John McCallum l'admet d'emblée. Si « la première étape est réussie », la deuxième, « la plus difficile », est en cours. Il faut maintenant « équiper » ces réfugiés « pour le succès, en termes de logement, de langue et d'emploi ».

Le ministre joue franc-jeu, également, lorsqu'il s'agit de commenter la nouvelle vision de son gouvernement en matière d'immigration.

Il y a une dizaine de jours, Ottawa a annoncé un rééquilibrage. À la fin de 2016, le nombre de réfugiés accueillis aura grimpé, promet-il. Tout comme le nombre de réunifications familiales. Parallèlement, le nombre d'immigrants économiques aura chuté légèrement par rapport au niveau de 2015.

« C'est la crise la pire depuis des décennies, je pense que le Canada peut faire sa part », explique le ministre, qui parle d'un « acte humanitaire ». Il prend toutefois soin de signaler que si on ne qualifie pas d'emblée ces réfugiés d'immigrants économiques, ces nouveaux arrivants pourront eux aussi représenter, « à moyen terme », un « investissement économique ».

Le ministre est néanmoins conscient des ratés actuels en matière d'intégration au marché du travail des immigrants et réfugiés.

Il affirme vouloir faire des efforts pour convaincre plus d'étudiants internationaux de rester au pays. Il prévoit aussi une rencontre interprovinciale pour discuter des « bonnes pratiques » quant à la reconnaissance de la formation des nouveaux arrivants. Le problème a été souvent exposé, mais jamais réglé. Il est temps d'y voir.

Car il ne suffit pas d'être conscient que l'intégration des nouveaux arrivants est l'étape la plus difficile. Il faudra y travailler avec autant de conviction et d'enthousiasme qu'on l'a fait pour l'accueil des réfugiés syriens au cours des derniers mois.

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